Solo : chemins tracés . T.1 . Fortuna - La chronique BD

Les héros anthropomorphes ont connu une heure de gloire en BD. Blacksad évidemment, mais aussi De cape et de crocs, Donjon et bien d’autres avaient repris ce procédé vieux comme Ésope qui consiste à personnifier les animaux. En prenant un monde post-apocalyptique proche de La Planète des singes ou de Neige, en y insufflant une mythologie qui n’est pas sans rappeler La Horde du Contrevent, Solo : Chemins tracés reprend des conventions déjà vues mais sait s’en saisir avec style. En effet, les personnages y sont d’abord à la fois denses et éphémères, car ils se permettent d’acquérir une épaisseur en peu de temps sur les pages, car, comme son titre l’indique, Solo est d’abord une épopée solitaire. Un amoureux, un grand-père, pourquoi pas un ennemi pourraient être davantage développés, mais ceci irait à l’encontre du titre et du mantra de la série. À voir maintenant comment la suite pourra suivre ou contourner cette loi...

Oscar Martin, Alvaro Iglesias / Delcourt

Côté dessin, il faut souligner l’excellence du rendu, avec notamment un procédé proche du crayonné ou de la gravure pour évoquer le passé. Un effet rétro, dur et sérieux, qui ne contraste pas vraiment avec un présent encore plus violent, mais donne véritablement une encre atypique à cette histoire dont le sujet était déjà un peu en dehors des habitudes du genre. Le sang et le peu de perspectives sont en effet assez éloignées des personnifications, et la nature animale des combattants est prise de plein fouet par le lecteur.

Oscar Martin, Alvaro Iglesias / Delcourt

Entrée en matière brutale mais belle, Fortuna lance bien le nouveau cycle de la série Solo, sur une trace claire dans la narration mais obscure dans son dénouement. Il faudra suivre avec attention le développement de cette survivante féline, qui pourrait devenir rapidement iconique.