Le 2 octobre 2022
Premier long métrage d’un réalisateur inconnu, Smile est une petite série B diablement efficace et d’une intelligence rare dans la production actuelle.


- Réalisateur : Parker Finn
- Acteurs : Kal Penn, Kyle Gallner, Caitlin Stasey, Robin Weigert, Jessie T. Usher, Rob Morgan, Sosie Bacon
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 26 juillet 2024 23:52
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 28 septembre 2022

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Résumé : Après avoir été témoin d’un incident traumatisant impliquant l’une de ses patientes, la psychiatre Rose Cotter voit sa vie tourner au cauchemar. Terrassée par une force mystérieuse, elle va devoir se confronter à son passé pour tenter de survivre…
Critique : Dans les nombreux sous-genres du cinéma d’horreur, s’il en est un qui fonctionne particulièrement bien, c’est celui qui gomme la frontière entre les manifestations horrifiques et la psyché du personnage principal, majoritairement féminin. Pour faire simple, celle-ci, affectée par un trauma originel, assiste à des phénomènes inexpliqués et traumatisants, sans que le spectateur sache s’il s’agit de la « réalité » ou d’un délire paranoïaque. Le modèle du genre en la matière reste La maison du diable de Robert Wise, film en noir et blanc de 1963, particulièrement terrifiant et qui donnera lieu à l’excellente série The Haunting of Hill House.
Smile, premier long métrage de Parker Finn, s’inscrit avec brio dans cette veine et constitue une indéniable réussite.
D’abord, grâce à un scénario en béton, qui exploite à merveille le postulat de départ. Confrontée à cette présence souriante et malfaisante, Rose Cotter (Sosie Bacon, impressionnante de justesse et dont le visage change littéralement au fil de sa descente aux enfers) s’échine à convaincre ses proches de la réalité de ce qu’elle voit, jusqu’à en perdre la raison. Bien entendu, personne ne la croit, tous persuadés de sa névrose engendrée par le traumatisme vécu dans son enfance. Et, jusqu’à la fin, le spectateur est lui même dans le doute, notamment dans une scène d’anniversaire particulièrement malaisante.
- © 2022 Paramount Players, a Division of Paramount Pictures
De surcroît, Parker Finn a l’intelligence d’enrichir son histoire d’arcs narratifs intéressants, tels que l’entrelacs des relations de l’héroïne (son fiancé, sa sœur, son ancien petit ami), donnant au personnage une épaisseur bienvenue, ou encore l’enquête policière qui ponctue la deuxième partie du film et maintient le spectateur en haleine.
De ce point de vue, Smile est un film cohérent et équilibré, bien loin des surenchères débiles qui, malheureusement, constituent le tout-venant du cinéma d’horreur récent.
Mais cette rigueur et cette intelligence ne se limitent pas au scénario, Parker Finn sachant mettre au service de son sujet une mise en scène sobre et aux effets francs et directs, dans la droite ligne d’un Wes Craven des débuts.
- © 2022 Paramount Players, a Division of Paramount Pictures
Avec ses environnements ternes et sans vie, limités à quelques espaces (des appartements vides, un hôpital aux couleurs pastel délavées, des routes désertes sur des paysages d’automne...) et de nombreux champs-contrechamps d’une simplicité déroutante, Smile déroule au premier degré l’histoire à la fois banale et bouleversante du basculement dans la folie. Sans pour autant perdre l’efficacité attendue d’un film d’horreur, avec son lot de jump scare (tous à bon escient) et quelques scène gore du meilleur effet.
Dans sa séquence finale, le film bascule dans une représentation plus traditionnelle de l’horreur, avec maison « hantée » et monstre terrifiant. Si la mise en scène ne perd rien de sa maitrise, le propos s’affadit un peu.
Rien de grave au demeurant, Smile restant indiscutablement un film d’horreur de qualité, efficace et intelligent, qui augure, espérons-le, le renouveau d’un genre essentiel au cinéma américain.