Le 11 septembre 2018
- Scénariste : Pascal Bresson>
- Dessinateur : Hervé Duphot
- Genre : Biographie
- Editeur : MARAbulles
- Date de sortie : 27 juin 2018
Renaître après les camps de concentration et donner naissance à une loi sur l’avortement, après un long combat personnel et politique.
Résumé : L’histoire et le destin exceptionnels de Simone Jacob épouse Veil, femme déportée en 1944 à Auschwitz. D’abord magistrate, elle devint ministre de la Santé sous Valéry Giscard d’Estaing et se révéla aux yeux des français comme la mère de la loi sur l’autorisation de l’avortement en 1974. Décédée le 30 juin 2017, elle est entrée au Panthéon le 1er juillet 2018 avec son mari Antoine Veil décédé le 12 avril 2013.
Narrer l’histoire d’une aussi grande dame peut s’avérer un exercice périlleux sauf quand la famille de Simone… veille à la confection de l’ouvrage, tout en sachant à quel point l’héroïne était réservée et humble
L’adolescence de Simone Jacob fut tragiquement volée par la seconde guerre mondiale.
Les auteurs de Simone Veil, l’immortelle, Messieurs Duphot et Bresson, établissent un parallèle judicieux entre le combat de cette survivante des camps de la mort en 1944 et trente ans plus tard, avec celui qu’elle mena presque seule contre le désespoir des femmes qui ne peuvent garder un enfant, et pour le choix de disposer de leur corps comme bon leur semble.
Protocole de survie à Auschwitz versus protocole politique.
En 1974, l’avortement n’était pas légal et les faiseuses d’anges s’improvisaient docteur afin de soulager celles qui se trouvaient enceintes.
Comment être crédible dans la défense d’une loi qui chasse un embryon alors que l’on a soi-même été réduite à l’état de rien sous l’occupation nazie ?
C’est tout le paradoxe ressenti à la lecture de cet ouvrage exceptionnel qui nous plonge dans les coulisses des combats de Simone Veil autour des couleurs jaunes (soleil de l’espoir), bleues (celui des yeux de l’icône), grises et verdâtres (celles des camps).
Les aquarelles d’Hervé Duphot se mélangent à l’encre de chine noire dans un trait simple et juste qui traverse les différentes époques de la vie de l’héroïne.
On revit l’enfer des camps dans l’insoutenable statut des femmes réduites à l’état d’esclaves.
Esclaves en 44, elles le sont d’une autre manière en 74 quand elles se retrouvent enceintes.
Elles doivent alors avorter clandestinement avec les moyens du bord dans des conditions sanitaires mortelles, abandonner l’enfant à la naissance, vivre avec et ce malgré elles ou commettre un infanticide.
La ministre survivante de sa déportation se trouvera elle-même accusée d’extermination sur bébé lors de sa proposition de loi.
Le 27 novembre 1974 lors de son arrivée à l’Assemblée Nationale elle est accueillie par des manifestants brandissant des pancartes : "Ne me libère pas", "Génocide de masse" …
Sans scrupules, les députés du camp adverse oseront le parallèle d’un génocide moderne, renvoyant honteusement notre immortelle à son drame personnel : ses parents et un de ses frères perdirent la vie dans les camps de concentration …
En femme visionnaire, elle sait également que ce sont ces mêmes députés - qui prenant maîtresses - les forcent à avorter quand le problème d’une grossesse se présente et sans se soucier de mettre la vie de ces femmes en danger.
Avec altruisme, courage et toute en retenue, Simone Veil s’exprimera aux forceps devant ses confrères politiciens et non sans esprit, s’excusant de s’exprimer devant une assemblée presque exclusivement composée d’hommes.
Abandonnée par Dieu dans les camps - comme elle l’a si souvent pensé dans sa prison allemande - et peu soutenue par le corps d’état (Jacques Chirac premier ministre de l’époque lui aura manifesté un soutient proche du niveau zéro) elle ralliera avec son fidèle assistant Jean-Paul, une bonne majorité de tous bords politiques et même de l’église, manœuvrant avec conviction et persévérance.
On regrette de ne pas voir apparaître ne serait-ce qu’une allusion au mouvement francs-maçons qui selon certaines sources aurait aidé au vote de cette loi...
En 2004, la grande dame acceptera un entretien au camp d’Auschwitz - soixante ans après sa libération et trente ans après le vote de sa loi, la loi Veil. Ce roman graphique est un témoignage magnifique de la révolution qu’elle a apporté à la France et un devoir de mémoire engagé de la part des auteurs pour que plus jamais le statut de la femme ne reprenne le train en marche arrière.
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