Des jours sans fin
Le 16 janvier 2024
Un premier film économe dans ses moyens techniques, mais pas dans son scénario ni dans sa mise en scène. C’est peut-être tout ce que nous attendons du cinéma.


- Réalisateur : Benjamin Rancoule
- Acteurs : Inas Chanti, Quentin Santarelli, Maylis de Poncins, Pierre Ménès, Christophe Favre, Elena Cosson Kizilova
- Genre : Drame, Science-fiction, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Russe
- Distributeur : Leva Productions
- Date de sortie : 17 janvier 2024

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– Année de production : 2021
Résumé : Chaque fois qu’il se réveille, un jeune homme apparaît dans une nouvelle réalité dans laquelle il aurait une autre vie. Amnésique qui plus est de son passé, comment va-t-il se sortir de ce cauchemar ?
Critique : L’avènement des plateformes de streaming et la crise sanitaire mondiale qui a sacrément secoué son industrie, laissaient à penser que le cinéma pouvait avoir du souci à se faire pour ses salles. Et pourtant, force est de constater que les spectateurs reprennent peu à peu le chemin des fauteuils de velours si l’on en croit les chiffres de l’année passée (plus de cent quatre-vingts millions de tickets vendus en France).
Si les films à grand spectacle hollywoodiens se taillent encore la part du lion, le public français continue de se laisser tenter par un cinéma indépendant creusant son sillage hors du tumulte médiatique qui fait la part belle aux blockbusters et aux comédies populaires.
Si proche du soleil, premier long-métrage de Benjamin Rancoule, est de ceux-là.
- Copyright Leva Productions
David est un peu comme Phil Connors, le héros d’Un jour sans fin : malgré les souvenirs de la veille, il ouvre chaque jour les yeux dans une réalité différente, avec de nouvelles vies professionnelle et privée : tantôt écrivain, tantôt musicien dans un groupe punk, tantôt policier. Volage, amoureux, en couple, hétérosexuel, homosexuel, il passe d’une existence à l’autre sans jamais parvenir à redonner sens à la réalité… jusqu’au jour où David rencontre Agathe.
Si proche du soleil serait-il l’énième projet audiovisuel d’un jeune cinéaste emphatique et prétentieux avide de montrer la complexité de sa pensée et de sa vision du monde à l’intelligentsia bourgeoise ? Il n’en est rien, puisque le film saisit, avec fermeté et douceur, le spectateur dès ses premières minutes. Entre science-fiction et mélodrame, l’intrigue est d’une fluidité qui touche au temps suspendu, jusqu’au twist et à la chute, surprenants.
- Cpoyright Leva Productions
Si les personnages, interprétés par des acteurs justes et touchants, sont attachants, Si proche du soleil souffre, comme nombre de premiers films, de la tendance de son auteur à vouloir démontrer toute l’étendue de son savoir-faire technique en quatre-vingt-dix minutes chrono : décadrages, travellings, plans d’ensemble contemplatifs, jump cut, ruptures… autant d’effets qui surchargent visuellement certaines séquences. Néanmoins, la mise en scène a ceci de remarquable qu’elle conserve une vraie cohérence d’un bout à l’autre du métrage, traduisant à l’écran toute la confusion mentale et physique de son héros.
Une œuvre sobre et humble dont nous ne doutons pas qu’elle saura trouver son public.
- Copyright Leva Productions