Le 6 février 2021
Un polar sombre et rudement bien mené, porté par des comédiens de très bonne tenue. Seules les bêtes glace son spectateur jusqu’au dénouement final, certes peu vraisemblable, mais absolument jouissif.
- Réalisateur : Dominik Moll
- Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Denis Ménochet, Laure Calamy, Bastien Bouillon, Damien Bonnard, Nadia Tereszkiewicz, Guy Roger N’Drin
- Genre : Drame, Thriller, Policier
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 3 août 2023 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 4 décembre 2019
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Résumé : Une femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers le plateau où subsistent quelques fermes isolées. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste, cinq personnes se savent liées à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé́ loin de cette montagne balayée par les vents d’hiver, sur un autre continent où le soleil brûle, et où la pauvreté́ n’empêche pas le désir de dicter sa loi.
Crtiique : Quand on cite le nom de Dominik Moll, on pense à son chef-d’œuvre Harry, un ami qui vous veut du bien, qui donnait à voir un art de la manipulation et de la perversité. Le cinéaste récidive avec ce nouveau long-métrage Seules les bêtes, tiré du roman du même nom de Colin Niel, qui tisse avec délectation un récit troublant, réservant ses surprises au fur et à mesure que les personnages révèlent leur mystère. Car tout est mystérieux dans cet univers sombre, à commencer par ces paysages somptueux des Grands Causses où la neige, le froid, les fermes isolées, les gueules halées par l’air frais des paysans, font penser aux univers glauques, chéris par les films fantastiques ou d’horreur.
- Copyright Haut et Court
En réalité, Seules les bêtes est tout sauf un récit fantastique. Il s’agit d’un polar sombre, à la limite du thriller, qui donne la voix à des personnages troublants, complexes, dont on a du mal à percevoir les motivations. Une disparition préoccupante d’une femme, bourgeoise, un peu ovni au milieu de la rudesse hivernale de la Lozère, amorce un récit habité par des personnages, qui laissent notre penchant pour le stigmate s’exprimer sans limite. On n’est pas loin de penser que la gueule cassée du paysan rustre, les fausses amabilités de l’assistante sociale, ou la peine de cœur d’une jeune fille constituent les éléments suffisants pour faire reposer le doute sur cette disparition. Mais Dominik Moll ne se laisse pas piéger par la facilité. Il cultive le mystère, pose des questions plus qu’il ne donne de réponses, grâce à un récit qui superpose les temporalités et les quiproquos. Le cinéaste vient même chatouiller des relents racistes, en invitant sa caméra en Côte d’Ivoire où de jeunes gens, non scrupuleux, piègent des hommes en mal d’amour, en fabriquant de faux profils féminins.
- Copyright Haut et Court
Naturellement, la fin reconstitue le puzzle d’une histoire qui est construite sous la forme de tiroirs. Un indice en appelle un autre, et on se demande pendant tout le film comment le cinéaste va retomber sur ses pattes. Et, talent oblige, il y parvient, même si on pourrait lui reprocher une forme de facilité narrative et une succession d’évènements qui ont peu de chances de se produire simultanément. Mais voilà, nous sommes au cinéma ! La fiction a tout fait le droit de jouer avec la vraisemblance. L’important demeure le plaisir, parfois malsain, de suivre le destin troublant de tous ces personnages, qui ne sont pas sans rappeler les grands films policiers des années 80.
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Dominik Moll est un cinéaste rare. Avec son nouveau film, il confirme son talent de conteur et de metteur en scène. Il donne la voix à des comédiens non conventionnels, comme Denis Ménochet ou Damien Bonnard, qui incarnent des personnages troublants et fascinants. Le cinéaste décrit avec talent l’illusion des réseaux sociaux dans nos sociétés contemporaines. Il montre la faillite que peuvent subir certains internautes, quand ils tombent amoureux d’un profil virtuel, ce qui, parfois, a des effets dramatiques dans la vie émotionnelle ou économique des gens. Si le sujet est rare au cinéma, il est traité ici avec beaucoup de vérité et de profondeur, à travers ce personnage masculin qui cède aux avances d’une jeune fille qui n’est autre que la fabrication malhonnête d’un profil, afin de lui soutirer de l’argent. Terrible et convaincant.
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