La nuit du 12 - Dominik Moll - critique

Critique : Le générique d’entrée précise qu’un grand nombre d’enquêtes ne sont pas résolues. Sans doute faut-il mettre en cause la complexité des affaires, mais surtout la vraie question qui est posée est celle des moyens dévolus à la police. L’équipe de Grenoble se voit confier une enquête tragique de la mort d’une jeune fille, brûlée vive en pleine nuit. Le procureur a insisté pour charger la PJ de sa résolution, malgré une équipe de policiers qui traînent tous leur bagage de crimes glauques, sans qu’à aucun moment le ministère de l’Intérieur n’ait donné les moyens aux policiers de se délester du traumatisme.

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Dominik Moll crée un film beaucoup plus brut et ancré dans la réalité que ce que l’on a connu de lui. Certes, il y a des amis qui ne veulent pas du bien à cette gamine, au point d’ailleurs qu’elle est retrouvée morte un petit matin, après avoir été aspergée d’essence. Les enquêteurs tournent autour des relations sexuelles de la victime, relations a priori nombreuses. Mais très vite, une amie se rebelle contre cette mise en cause et rappelle avec effroi que les femmes sont les premières victimes de la barbarie des hommes dont personne ne s’inquiète des rencontres badines qu’ils vivent. La Nuit du 12 pourrait être la reconstitution d’un fait divers dans une région montagneuse de la France. En réalité, le film aborde de manière frontale les violences commises contre les femmes, avec de surcroît le paradoxe que ces atteintes sont principalement commises par des hommes et que leurs enquêtes sont elles-mêmes menées essentiellement par la gente masculine.

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La Nuit du 12 n’est pas un film glauque. On accompagne les policiers dans le quotidien d’une brigade de Grenoble. Le burn out, les pétage de plomb, les catastrophes familiales constituent les évènements courants de ces hommes qui s’évertuent de résoudre au mieux les affaires qui se présentent à eux. L’interprétation des comédiens est d’une grande qualité, chacun n’en rajoutant pas dans le sinistrose ou le mélodrame. La mise en scène est coupée au cordeau. Dominik Moll fait œuvre d’une véritable habileté en ré-ouvrant en permanence le suspense alors même que nous savons dès le début du long-métrage qu’il s’agit d’une affaire non résolue.

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Voilà donc un film passionnant et mené à la baguette qui donnera aux spectateurs avisés les clés pour comprendre les enjeux du système judiciaire en France.