Servitude . T.5 Shalin - La chronique BD

L’armée du roi Riben est épuisée, clairsemée et pourchassée par celle du Duc d’Omel, jusque dans le désert, aux confins de la passe de Shalin, qui abrite une communauté de renégats et de réprouvés. Ensemble, ils vont lutter pour l’honneur et avec un maigre espoir. Cette première partie du chapitre intitulé Shalin voit les héros de la série Servitude confronté aux hommes, aux éléments et aux sentiments tels que le désespoir et l’épuisement. Le monde de Servitude est âpre, dur et complexe. Si le scénario de ce nouveau se prête moins à une comparaison historique, à la différence des précédents, la touche de noblesse des cœurs mais pas des actes prend toujours. À l’instar de la saga Game of Thrones, il y a une touche de fantastique terrible, de médiéval rugueux voire même d’inceste décadent qui parcourt l’ensemble des tomes, créant un univers puissant et particulièrement captivant. Les héros vont et viennent, combattent et meurent, avec honneur ou non, dans une épopée qui ressemble à une guerre oubliée de notre Moyen-Âge. Dans ce tome, le siège s’inscrit dans cette lignée de réalisme teinté de magie, avec une place forte qui ne doit son nom qu’au désert qui la borde, et des problèmes qui vont de pair pour les assiégés comme pour les assiégeants. On se souvient alors que les auteurs apprécient particulièrement le fait de pouvoir décrire un univers cohérent à leur action, n’hésitant pas à expliquer les conditions de batailles, les forces en présence, tout en résumant les personnages principaux, à l’aide de cartes et chronologies fort utiles. Servitude a cette particularité, on sent que la série peut s’étendre très loin, très vite et très bien.

© Soleil

Le dessin est désormais incontournable. Ce tracé ocre, qui ici s’accommode parfaitement à la poussière qui balaie l’album entier, est reconnaissable entre tous. Les personnages y sont peints sans être enjolivés, balafres et rides étant particulièrement détaillées. Les scènes de violence sont imprégnées par cette couleur caractéristique, qui fait du blanc un allié mis en avant, plus perforant qu’éclatant. Éric Bourgier a su créer un style non seulement original, mais aussi vraiment adapté à ce monde sans pitié qui est décrit par Fabrice David. Un travail plus qu’efficace, une prouesse graphique à saluer.

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La série Servitude a de beaux jours devant elle. Ce cinquième tome, qui appelle une suite directe, ne fonce pas dans l’action mais dessine un suspense haletant et une action diffuse très agréables à la lecture. De bon augure pour la suite, que l’on espère longue.