Le 12 février 2019
- Scénariste : Nick Spencer>
- Dessinateurs : Yu Leinil, Francis, Andrea Sorrentino, Steve McNiven
- Collection : Marvel Deluxe
- Genre : Super héros
- Editeur : PANINI COMICS
- Famille : Comics
- Date de sortie : 7 novembre 2018
La dernière grande saga Marvel en date est là, elle se nomme Secret Empire !
Résumé : La saga qui s’est autorisée à corrompre Captain America ! Nick Spencer a en effet fait l’impensable : faire du super-héros à la bannière étoilée un partisan de l’Hydra, ce groupuscule fasciste ennemi de longue date.
Après la série Captain America : Steve Rogers qui décrivait la vie secrète de cet agent double, Secret Empire s’attelle a dépeindre sa prise de pouvoir et l’émergence d’un nouveau monde façonné à l’image de l’Hydra. La mise en place implacable de son grand plan pour récupérer le pouvoir américain s’appuie sur l’état de désunion de la communauté héroïque suite aux événements de The Civil War 2, durant lesquels Iron Man et Captain Marvel se sont affrontés.
Cap’ n’est pas considéré comme le plus grand héros Marvel pour rien, il a pensé à tout. La rébellion héroïque ne peut rien face au plus grand chef de guerre de l’histoire.
Imaginé dans les années 40 comme un protecteur des États-Unis et plus largement du monde libre, celui que ses ennemis surnomment désormais Captain Hydra s’applique à mettre son nouveau bouclier et son génie militaire au service d’une idéologie totalitaire. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fonctionne. Par quel miracle Iron Man et consorts pourront-ils le faire échouer ?
Les comics de super-héros ont la particularité de refléter quasiment en temps réel les maux et préoccupations de la société, et dans le cas de Marvel ceux de la société américaine.
Après une longue période de disette qui faillit mettre Marvel en faillite, les super-héros sont de nouveau populaire depuis le début des années 2000. On peut sans difficulté y voir un lien avec les attentats du 11 septembre et un besoin inconscient de se réapproprier le mythe de l’Amérique triomphante. La mise en scène systématique de héros américains défendant le pays, et souvent New York, d’une attaque extérieure a immédiatement fait office de catharsis. Depuis dix ans, Marvel s’attache surtout par ses histoires à offrir au monde un miroir de ses propres démons. Quand Civil War (2006) mettait en scène un pays divisé par un projet de loi liberticide suite à une attaque meurtrière, l’analogie au gouvernement de Bush paraissait assez évidente. Secret Empire rentre dans cette catégorie des sagas empruntes de présent et ne s’en cache pas d’ailleurs : le fascicule ayant pour couverture la prise de pouvoir de Captain Hydra devant la Maison Blanche est sorti aux États-Unis le jour où Trump porta serment...
Au-delà de la très grande qualité d’écriture de cette saga et du plaisir que l’on prend à la lire pour ce qu’elle est, un comics d’aventure réussi, il est intéressant de décrypter les mécanismes machiavéliques du plan de Captain Hydra. Sa stratégie fondée sur la peur à des résonances dans le monde réel. La rhétorique consistant à agiter la menace des envahisseurs (chitauri en l’occurrence) pour légitimer la construction d’un mur... bouclier de défense semble familier.
Ce bouclier terrestre sera la clé permettant à Cap’ de prendre le contrôle de l’Amérique dans un premier temps, avec la planète entière en ligne de mire. Dans cette uchronie totalitaire, les super héros ont quasiment tous abandonnés. Chacun est revenu à la vie civile et l’auteur s’amuse à imaginer chacun d’entre eux, converti à une nouvelle vie de débrouille, souvent clandestine. Le récit livre en parallèle deux intrigues. L’une très géopolitique du coté de l’Hydra qui annexe de nouveaux territoires, que ce soit par la force ou des alliances de fortune. L’autre beaucoup plus intimiste chez les surhumains désabusés, fuyant petit à petit l’idée de rébellion face à la suprématie sans faille de ce Steve Rogers façon coté obscure.
Le récit s’offre des respirations bienvenues, parfois totalement détachées du contexte de l’histoire. Sans trop en dévoiler, le chapitre consacré au dîner chez Ultron restera probablement dans les mémoires.
Tout n’est pas parfait pour autant. Parmi les aspects négatifs, on regrette encore une fois l’alternance de dessinateurs très différents au sein d’une même aventure. La différence de style entre Andrea Sorrentino et et Leinil Francis Yu est si frappante qu’on a du mal s’installer dans aucune des ambiances. Coté scénario, on retombe trop facilement dans les écueils des sempiternelles inventions spatio-technologiques ou l’intervention d’artefacts magiques pour débloquer les situations les plus inextricables. La résolution de la saga n’est pas des plus originales et on regrette la facilité du dénouement même si elle donne lieu à de magnifiques planches de Steve Mcniven.
Malgré ces défauts évidents, cet event fera date, malgré tout, dans l’histoire Marvel pour le virage qu’elle représente et pour sa puissance symbolique.
248 pages - 32€
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