Le 29 mars 2016
Une comédie originale, fine, et qui se présente comme un reflet cruel du monde contemporain.
- Réalisateur : Robert Hamer
- Acteurs : Alastair Sim, Ian Carmichael, Janette Scott
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h31mn
- Date de sortie : 18 janvier 1961
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– Sortie DVD : le 12 avril 2016
Une comédie originale, fine, et qui se présente comme un reflet cruel du monde contemporain.
L’argument : Un jeune homme timide et crédule décide de prendre des cours afin de devenir arrogant, méprisant et dragueur invétéré dans une école spécialisée.
Notre avis : Dès le début du film, on entre dans un monde décalé : voici Henry Palfrey, loser patenté, contraint de débarquer dans une gare et de suivre des panneaux sur lesquels un doigt gigantesque indique une direction, celle de l’école de « la vie facile ». Arrivé devant une bâtisse de carton-pâte, il est pris en charge par une sorte de coach, M. Potter, visiblement au moins aussi soucieux de la réussite de ses « étudiants » que de leur prendre le plus d’argent possible. Et le brave Palfrey de raconter ses malheurs, ce qui nous vaut un flash-back explicatif dans lequel il perd systématiquement : face à ses employés, à son « bras droit » humiliant, mais surtout à l’arrogant Delanney, qui est en train de lui souffler la belle April.
Dans la seconde partie du film, après avoir subi des « cours » (« art de la fête, de la victoire »), il prend sa revanche avec une symétrie parfaite, triomphant sur tous les tableaux. Il est devenu en peu de temps un « winner », un homme que tous respectent ou craignent. La présence de Potter auprès de lui signe chaque victoire dont il se fait l’obscur complice.
Fin de l’histoire ? Pas tout à fait : la dernière séquence, si elle est assez prévisible dans sa morale, comporte un hallucinant numéro d’adresse au spectateur, et le générique commence sur les images de Delanney empruntant le parcours quasi-initiatique qui mène à l’école. Une boucle, en quelque sorte, mais qui en dit long sur une époque. Car, c’est évident très tôt, le regard que porte Hamer sur ses personnages est celui d’un moraliste : la leçon de Potter, de plus en plus explicite, est un reflet de notre société (de ce point de vue, le film n’a pas vieilli et garde son acuité). Oui, pour gagner, il faut tromper, tricher, mentir, écraser les autres : ce que Henry apprend à faire en maître ; pour vaincre au tennis comme pour conquérir une femme, il suffit de posséder la bonne stratégie, celle qui permet de revendre un épouvantable tacot ou de faire taire un employé plein de morgue. Henry n’hésite pas à ajouter un chiffre à un tableau de comptes. Henry indique à son rival un faux raccourci. Henry donne un verre glissant à April. Chacune de ses actions porte le sceau d’un cynisme assumé. Là encore, notre époque, ses coaches, son obsession du développement personnel, son culte de la gagne, est mise à nu par ce film cinquantenaire avec une force d’autant plus évidente qu’elle se pare d’un humour constant. On rit, en voyant School for Scoundrels, et même beaucoup, mais d’un rire qui laisser percer une amertume, car, au fond, nous sommes tous un peu Henry, perdant pathétique ou gagnant cruel. Ce miroir que Hamer nous tend est troublant, en ce qu’il fait de nous des pantins aux comportements prévisibles et nous ne sommes pas loin de voir dans cette joyeuse comédie une réflexion sur le libre arbitre dans la société contemporaine.
Alors, bien sûr, on mégotera sur telle baisse de régime ou sur une réalisation parfois paresseuse ; de même l’acteur principal semble-t-il assez limité dans ses expressions. Mais, outre le bonheur de voir Alastair Sim, l’inventivité du scénario suffit à provoquer notre enthousiasme ; non seulement dans ses grandes lignes, dans sa vision morale, mais aussi dans d’infinis détails (le « garagiste » repeignant un pneu, par exemple). Sa logique implacable, comme dans les meilleures comédies anglaises, fait de School for Scoundrels un vrai moment de plaisir bien moins innocent qu’il n’y paraît.
Les suppléments :
Selon le principe de la collection, le DVD ne comporte qu’une galerie d’affiches et de photos, ainsi que trois filmographies (annoncées comme sélectives !). Mais c’est encore une fois le livret de Charlotte Garson, aussi fin qu’érudit, qui emporte le morceau.
L’image :
Une belle copie restaurée, lumineuse, propre et nette, débarrassée de tout parasite, qui rend hommage au travail sur le noir et blanc.
Le son :
La seule piste proposée en mono vost délivre un son clair et sans scories, même si évidemment, on est loin des canons actuels.
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