Scary movie 4 - La critique

Un film hamburger, symbole de la culture fast-food, qui parvient tout de même à remplir son contrat : faire rire sans être trop indigeste.

L’argument : Cindy Campbell, toujours aussi adorable et naïve, a cette fois trouvé une place d’aide à domicile auprès d’une étrange vieille dame, dans une effrayante maison hantée. Entre son voisin top craquant et les aliens qui veulent dominer le monde, elle va avoir fort à faire...

Notre avis : Voici donc le quatrième volet de la série Scary movie, initiée par les frères Wayans qui eurent l’idée de parodier, il y a quelques années, la renaissance du genre horrifique due au succès des Scream de Wes Craven. Et quand on parle de parodie, on pense bien sûr à l’un des spécialistes du genre, l’auteur des Y a-t-il un flic pour... et membre des fameux ZAZ (Y a-t-il un pilote dans l’avion ?), le vétéran David Zucker. Ce dernier a repris la série en main il y a trois ans avec Scary movie 3 et s’est, du même coup, offert une seconde jeunesse. Il signe aujourd’hui ce nouvel opus qui remplit parfaitement le cahiers des charges Scary movie à défaut de briller par son originalité.
On se souvient que le premier film écrit par les ZAZ, et réalisé par John Landis, s’appelait Hamburger film sandwich et compilait une série de sketches sans réelle trame narrative. Plus de trente ans après, la recette du hamburger Zucker reste la même. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes (souvent aux navets). Seuls les ingrédients de ce sandwich filmique changent. Découpez en tranches tous les derniers films fantastiques à succès (La guerre des mondes, The grudge, Le village, Saw, Destination finale, Land of the dead), ajoutez-y une pincée de films oscarisés (Million dollar baby, Brokeback mountain), versez une louche de gags "pipi/caca" et saupoudrez de morceaux de hip-hop ou néo-métal, et vous obtenez cette œuvre plutôt amusante, dont le post-modernisme cinématographique est le symptôme évident d’une société en proie à la culture du zapping et du fast-food.

Ce n’est d’ailleurs pas forcément désagréable à regarder. Il y a même un aspect ludique indéniable dans tout ça, à commencer par les décors qui sont saisissants de ressemblance avec les originaux, comme si on avait donné à l’équipe de Scary movie les clés des vrais studios et qu’on les avait laissés s’amuser comme des gosses. Les glissements d’un film à l’autre sont également savoureux : voir les extra-terrestres de Spielberg débarquer dans le village de M. Night Shyamalan ou voir Bill Pullman, le père dans The grudge, devenir chef de ce même village, provoque un plaisir enfantin sympathique. Enfin les valeurs de plans des films originaux sont aussi scrupuleusement respectés (par exemple, la vue en plongée de l’entrée de la maison de The grudge).
Mais l’exercice a, bien entendu, ses limites. La plus évidente : si l’on ne connaît pas les œuvres parodiées (et d’autres private jokes typiquement américaines) on aura beaucoup de mal à apprécier les détournements qui jouent souvent sur des détails. Alors pour donner le change, Zucker ressort des blagues éculées (chutes, coups sur la tête à profusion), autant de gags téléphonés qui tombent à l’eau (allô ?).
Scary movie 4 est un divertissement amusant bien qu’anodin, avec en prime la participation hilarante de Leslie Nielsen en président des Etats-Unis plus vrai que nature. Un film à déguster comme un hamburger : une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal.