Sans cheveux – Tereza Drahonovská, Stepánka Jislová – la chronique BD

Critique :Comment s’accepter et se faire accepter lorsque notre apparence change soudainement, et que cette transformation porte sur un élément aussi essentiel de notre corps que nos cheveux ? Comme le souligne à juste titre Sans cheveux, la chevelure – ou son absence – détermine notre rapport au monde, que l’on soit bonze ou punk. Ici, l’absence de cheveux signifie la maladie, surtout chez une femme, en particulier lorsqu’on l’associe à la chimiothérapie. Heureusement, ce n’est pas d’un cancer dont est victime Tereza Drahonovská, autrice tchèque qui raconte son expérience dans ce récit intime qui sonne vrai. Celle-ci décrit les différentes étapes, du diagnostic au déni en passant par la recherche de moyens de masquer cette absence de cheveux – avec le recours aux perruques – jusqu’à ce qu’elle accepte, après un long cheminement, de se promener dans la rue et de se rendre au travail tête nue. Sans cheveux montre bien à quel point cette maladie provoque un changement radical dans le quotidien de Tereza : stress, perte de confiance en soi, multiplication des consultations chez le médecin, changement dans le regard des autres… À cet égard, la lecture du récit s’avère instructive et pertinente. La préface de l’association française « La tresse », qui regroupe et soutient les femmes victimes d’alopécie, renforce le caractère documentaire de l’album.

Pour donner vie à ce récit, la dessinatrice Stepánka Jislová adopte un trait simplifié en noir et blanc assez classique dans la bande dessinée documentaire, avec un découpage clair et des planches explicatives plutôt réussies. Le trait noir est rehaussé d’une unique couleur rose, un choix assez radical – et pas toujours heureux –, qui peut s’expliquer par le questionnement sur la féminité qui traverse l’ensemble du récit.

Autobiographie sincère sur un sujet mal connu, Sans cheveux s’avère une lecture globalement plaisante et instructive.