Le diable au corps
Le 29 novembre 2018
Pate de songes, tantôt organique, tantôt onirique, Sangue del mio sangue accuse le coup des années. Marco Bellocchio abandonne sa mue et transfigure ses rêves.
- Réalisateur : Marco Bellocchio
- Acteurs : Fausto Russo Alesi, Alba Rohrwacher, Roberto Herlitzka, Pier Giorgio Bellocchio , Lidiya Liberman, Alberto Cracco
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Italien, Suisse
- Distributeur : Bellissima Films
- Durée : 01h47mn
- Box-office : 10.029 entrées France / 3.766 entrées P.P.
- Date de sortie : 7 octobre 2015
- Festival : Festival de Venise 2015
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Résumé : Federico, un jeune homme d’armes, veut réhabiliter la mémoire de son frère, un prêtre séduit par une nonne, sœur Benedetta. A cette fin, il se rend à la prison-couvent de Bobbio, où, accusée de sorcellerie, elle est enfermée. Benedetta l’ensorcelle à son tour. Elle est alors condamnée à la perpétuité et emmurée vivante. Au même endroit, des siècles plus tard… Federico, un inspecteur ministériel, frappe à la porte du couvent, transformé depuis en prison, puis laissé à l’abandon. Il découvre que le bâtiment est habité par un mystérieux comte, qui ne sort que la nuit…
Critique : Les siècles refluent à l’ombre de murs de pierre. Les pieds dans l’eau du fleuve, balançant imperceptiblement la tête au son d’une reprise chorale de Metallica, Marco Bellocchio partage son héritage entre son fils et les spectateurs. « À ce coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! » L’homme de l’Ancien Testament prend le produit de son humanité pour épouse. Le cinéaste fait de son œuvre, le sang de son sang, à la fois sa femme et son legs.
- © Bellissima Films
Scindé en deux époques, Sangue del mio sangue met en scène le destin de deux hommes damnés par leurs réalités. Le couvent-prison de Bobbio se fait le théâtre de leurs tragi-comédies. Au Moyen Âge, une jeune femme y est jugée pour sorcellerie, accusée d’avoir séduit un prêtre et de l’avoir mené au suicide. Federico Mai, le frère jumeau du clerc, assiste à ce simulacre de procès et tombe lui aussi sous le charme de la pécheresse. Au présent, le même homme est un escroc prétendant acquérir le bâtiment, devenu pénitencier, en l’achetant à un comte sanguinaire.
L’heure a sonné pour Marco Bellocchio d’offrir à son cinéma l’inintelligibilité qu’il lui a toujours souhaité. Le film a des sursauts d’agonie et à travers la pupille dilatée de la caméra, le spectateur reconnaît les thèmes de prédilection du réalisateur : la famille, la société italienne, la religion, le temps qui passe. Dans une farandole de démence, fantômes, succubes et démons se croisent sans se reconnaître.
- © Bellissima Films
À moins de s’attacher à l’analyse de chaque fragment du film, il s’avère difficile de tirer de Sangue del mio sangue une cohérence quelconque. C’est ainsi que le cinéaste l’a voulu : obscur, secret. Dans les vapeurs crayeuses qui s’élèvent d’un mur qui s’effondre, une femme nue apparaît. Elle est belle. La mise en scène est un peu tape-à-l’œil, la métaphore un peu fumeuse. Mais le film, presque drôle, quasi génial, laisse transparaître un Marco Bellocchio, à 75 ans, plus jeune que jamais.
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