Méconnu en France - Sang impur est seulement son deuxième roman traduit -, Hugo Hamilton est l’un des heureuses découvertes de cet automne littéraire. Précédée d’une réputation élogieuse dans son Irlande natale - on le compare à Salinger ou à Joyce -, cette drôle d’autobiographie s’est vue couronnée du Femina étranger... mérité.

Sang impur aurait pu prendre la forme d’un récit conventionnel de l’enfance, une enfance certes pas comme les autres et difficile, mais ce n’est pas la souffrance qui fait la bonne littérature. C’est une évidence, mais tout tient dans les sentiments que l’on met à les raconter, et ce qui surprend chez Hugo Hamilton, c’est la pudeur dont il fait preuve lorsqu’il évoque son Dublin des années 60, lui, l’enfant "bigarré, tacheté" en quête d’identité, parce que tiraillé. Tiraillé entre une mère allemande et un père nationaliste irlandais, entre le désir puissant de s’intégrer et le rejet des autres gamins qui lui jettent du "nazi" à la figure, entre l’image d’un père tyrannique et violent envers ses enfants mais minable et pathétique dans ses entreprises professionnelles. Et pourtant toute cette violence, ce racisme permanent semblent adoucis lorsqu’ils sont racontés par la voix d’un enfant. Nulle trace de colère ou de rage lorsque Hugo Hamilton évoque les brimades quotidiennes ou lorsqu’en filigrane se dessine la jeunesse de sa mère sous le régime hitlérien. L’auteur a épuré au maximum la langue de tous les effets de style pour n’en retirer que la poésie, en toute simplicité. L’unique chemin pour nous toucher droit au cœur.