Les saisons du plaisir
Le 14 avril 2010
Jean-Jacques Annaud revisite la ferme des animaux en humanisant les bêtes et en diabolisant l’espèce humaine. Tellement raté que ça en devient gênant.
- Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
- Acteurs : Vincent Cassel, José Garcia, Claude Brasseur, Rufus, Jean-Luc Bideau, Mélanie Bernier, Bernard Haller, Sergio Peris-Mencheta
- Genre : Comédie, Fantastique
- Nationalité : Français
- Distributeur : StudioCanal
- Date télé : 25 août 2024 20:50
- Chaîne : Game One
- Date de sortie : 10 octobre 2007
Résumé : Dans une île imaginaire perdue en mer Égée, aux temps très lointains d’avant Homère, Minor, mi-homme mi-cochon, orphelin et muet, file des jours tranquilles dans la douce tiédeur de la porcherie en compagnie de sa bonne amie la Truie. Au cours d’une escapade en forêt mythologique, il fait la rencontre d’un des personnages les plus influents de son époque, le dieu Pan, qui l’initie à sa manière de bouc aux imprévus du paganisme. Perché sur une branche d’olivier pour épier Clytia, la fille du Patriarche promise au poète Karkos, Minor fait une mauvaise chute et se tue. Comme on est encore au début du film, et que la période le permet, il ressuscite et recouvre la parole. Les villageois éberlués découvrent que non seulement il n’est pas mort, mais qu’il se révèle doué d’un stupéfiant sens de l’éloquence. Sur les conseils du devin, Minor est sacré roi. Les ennuis commencent...
Notre avis : Ennemi des humains et ami des bêtes, Jean-Jacques Annaud a compris depuis longtemps que plus on connaît les hommes, plus on aime les bêtes. Dans Sa Majesté Minor, objet curieux quelque part entre la fable philosophique détraquée et le délire hédoniste, il raconte l’édifiant parcours d’un homme-cochon (José Garcia, courageux) qui par miracle trouve le langage et devient roi au sein d’une communauté rongée par la bêtise. Ceux qui vivent avec lui sont des attentistes couards et crasseux qui représentent un échantillon plutôt inquiétant de l’humanité. Qu’on soit à cette époque ou aujourd’hui, ce sont les mêmes qui prétendent agir au nom du bien et deviennent les pires fauteurs de trouble. La morale du film repose donc sur son personnage principal, sorte de Candide mal coiffé au pays des monstres, qui de fou du village va être sanctifié puis chassé. Tout ça, c’est ce qui se trame en profondeur. En surface, le traitement se veut plus léger, frivole, ludique et lubrique. Mais pas pour les enfants (contrairement à ce que les affiches laissent sous-entendre). Les obsessions d’Annaud prennent régulièrement le dessus, le cinéaste proposant diverses représentations de la sexualité et de la perversion en conviant un peu tout (zoophilie, homosexualité, triolisme, fétichisme, échangisme) dans son maelström foutraque. En résulte une œuvre binaire et totalement désarticulée qui ressemble à un remake mainstream de Vase de noces (toutes proportions gardées) avec des élans bisseux dignes de Tinto Brass. Si l’on n’est pas chez Pasolini ou Buñuel, références plus ou moins avouées du cinéaste., cette "porcherie" a au moins le mérite de la curiosité.
La première partie est placée sous le signe de la comédie grivoise qui dans ses meilleurs moments évoque un Mocky sous ecsta. Et plus on avance, plus le film se mue en tragédie épique et romantique et raconte le récit d’un amour fou impossible. Bref, il foisonne en même temps qu’il se casse souvent la figure. Ce rythme en dents de scie influe sur notre jugement. On sort de la salle tout perplexe, en sachant pertinemment qu’Annaud a totalement raté son film. L’investissement des acteurs qui n’hésitent pas à en faire trop (Vincent Cassel, surexcité) est assez stupéfiant. Certaines outrances peuvent consterner et les personnages à l’aune des situations sont si outrés qu’on les goûtera selon sa sensibilité. Mais le résultat est tellement "autre" qu’il ne peut pas provoquer de réaction(s) tiédasse(s). La volée de bois vert critique l’attend au tournant. Rien que pour ça, Sa Majesté Minor a quelque chose de sain dans l’industrie cinématographique française très frileuse. Loin des standards surestimés mais également des merveilles qu’on redécouvrira dans quinze ans.
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lamazelle 12 octobre 2007
Sa Majesté Minor - Jean-Jacques Annaud - critique
Bonjour !
J’ai bien aimé ce film, qui m’a fait beaucoup rire !
Il m’a un peu énervé parfois par son côté scato potache, choqué jamais ! Le sexe n’est pas le sujet du film, juste une composante ! Pas de quoi s’offusquer, vraiment ! On en voit beaucoup plus dans des tas d’autres films à seules fins commerciales !
Dommage que les acteurs ne soient pas toujours crédibles, sauf Cassel et Brasseur qui sont terribles !
On aime ou pas cet univers, on y adhère ou pas, on y entre ou pas... : c’est un vrai travail qui mérite d’être respecté !
Ce n’est pas un conte pour les petits enfants mais pour les grands !
Je ne vois pas là une grande oeuvre mais tout de même des questionnements sur des sujets tels que : humanité, minorité, différence.... C’est essentiel dans notre époque si frileuse !
Allez voir ce film sans préjugés, laissez-vous aller et vous rirez bien, même s’il laisse perplexe, il a le mérite de ne pas laisser indifférent !