Le 20 avril 2025


Toan nous offre un deuxième tome qui démarre en plein cœur de l’action, tout en restant collé aux émotions de Kurk. Les premières page en couleur nous donnent envie d’en avoir un peu plus avant de revenir au noir et blanc.
Résumé : {Run to Heaven T.2} débute en plein enfer, Flee, une jeune ado, coule alors qu’un porte-avions s’enfonce dans les flots. Son père, Kurk, atteint de la maladie de Charcot, avec une jambe inopérante, plonge quand même dans l’eau pour tenter de la sauver, au milieu des morceaux de métal et des containers entraînés dans les fonds marins. Il attrape sa fille et se bat pour remonter à la surface, mais le doute l’assaille, en pleine guerre mondiale, tout ça a-t-il vraiment un sens ?
Critique : Retour en 2036 sur l’île Arrecquero, alors qu’une guerre mondiale dure depuis déjà quelques temps. On retrouve les personnages du premier tome, ainsi que de nouveaux arrivants dans ce monde en guerre. Renversement de situation : un gagnant emporte le conflit. Toutefois, tout ne revient pas à la normale pour autant. Flee, qui n’aspirait qu’à une vie tranquille, voit son père plongé dans une sorte de coma profond après l’avoir sauvée, elle a découvert le visage violent de sa mère et elle apprend qu’en tant que fille de l’amirale ennemie et d’un ancien soldat, elle sera pourchassée à moins d’abandonner son père.
C’est une pression énorme pour une jeune ado, d’autant que la personne qui l’aide s’avère un agent double cynique et sans aucune compassion. Heureusement, Flee rebondit et trouve une aide inattendue. Toan nous parle des massacres de guerre, des injustices liées au conflit armé, du problème de nourriture et il faut un temps pour que la BD se rééquilibre avec un peu de fraîcheur, grâce au personnage de Soeur Agnès.
Ce récit devient de plus en plus dur, mais heureusement, Toan sait nous préparer de beaux moments d’émotion et de soutien collectif. On se prend à parcourir cette histoire à toute allure pour la finir et attendre avec impatience le prochain tome. Ce nouveau volume maintient sans problème la barre aussi haut que le premier. Notamment grâce à cette intro où Kurk plonge pour sauver sa fille, et s’interroge sur l’intérêt de survivre dans ce monde en lambeaux.
© Toan / Ankama
Sur le plan du dessin, Toan garde un trait plein d’énergie. Il nous offre à nouveau un bel emploi des hachures et d’un dessin jeté nerveusement sur le papier, tout en restant précis. Si les hachures permettent de jouer sur les traits du visage, sur les volumes, sur les fonds, Toan ne se prive pas non plus d’utiliser des trames de gris. Son trait réaliste parvient à mêler des personnages au visage manga avec d’autres plus franco-belges et à créer une unité visuelle forte. La composition variée mêle aussi des pages typiquement manga et des découpages européens. Toan a digéré toutes ces influences pour nous servir un récit toujours en mouvement, où la musique a également une grande importance, de Nina Simone au groupe ABBA.
Et si les pages colorées à l’aquarelle mêlant le bleu froid de l’océan au rouge chaud des flammes, nous démontrent aussi le talent de coloriste de Toan, sa gestion du noir et blanc est si bien menée que l’on en oublie les pages colorées du début. Car l’histoire, prenant son temps dans l’analyse des sentiments, ne sert qu’un seul but : nous faire vibrer avec ses différents personnages, habités par le doute, la peur, la haine, l’amour ou la joie !
Run to Heaven T.2 continue sur sa lancée, à toute allure, en prenant aussi le temps de l’émotion. On embarque sans aucune envie de quitter le navire, et on vogue avec impatience vers le troisième tome.
240 pages – 9,95 €