Le 6 août 2021
Une fiction aux allures de documentaire pour dénoncer l’impossible combat entre sauvegarde d’emplois et préservation de l’environnement.
- Réalisateur : Farid Bentoumi
- Acteurs : Sami Bouajila, Olivier Gourmet, Céline Sallette, Alka Balbir, Zita Hanrot, Henri-Noël Tabary, Thierry Rousset
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h28mn
- Date télé : 9 septembre 2023 23:30
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 11 août 2021
- Festival : Festival de Cannes 2020
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Résumé : Nour vient d’être embauchée comme infirmière dans l’usine chimique où travaille son père, délégué syndical et pivot de l’entreprise depuis toujours. Alors que l’usine est en plein contrôle sanitaire, une journaliste mène l’enquête sur la gestion des déchets. Les deux jeunes femmes vont peu à peu découvrir que cette usine, pilier de l’économie locale, cache bien des secrets. Entre mensonges sur les rejets polluants, dossiers médicaux trafiqués ou accidents dissimulés, Nour va devoir choisir : se taire ou trahir son père pour faire éclater la vérité.
Critique : Si plusieurs cinéastes américains ont déjà largement ouvert la brèche du réquisitoire écologique bâti sur le terrain du réalisme (Dark Waters de Todd Haynes ou Erin Brockovich, seule contre tous de Steven Soderbergh, entre autres), l’exercice est encore assez peu courant chez nous. Raison suffisante pour s’intéresser de près à ce deuxième film de Farid Bentoumi qui s’appuie sur son expérience personnelle pour étayer ses propos autour d’une interrogation environnementale tout autant que sociétale. Issu du milieu ouvrier, il a fait des grèves ou des blocages d’usine avec ses parents, délégués syndicaux. Parallèlement, il a entamé des recherches sur la gestion des déchets et découvert qu’il existe dans le monde entier des usines qui, à l’image de celle de Gardanne, près de Marseille, rejettent dans la mer des boues rouges toxiques, malgré la mise en garde régulière des autorités sanitaires.
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C’est sans aucun doute la convergence entre cette dimension autobiographique et la précision des investigations qui fait toute la richesse de cette œuvre politique et humaine. Car si le rouge est la couleur politique de l’engagement syndical, c’est aussi celle du sang, de la blessure qui s’ouvre sous les coups d’arguments audibles mais diamétralement inconciliables, dont on mesure toute l’étendue à travers le conflit familial et générationnel qui oppose Slimane (Sami Bouajila) et sa fille (Zita Hanrot). Slimane représente cette génération de quinquagénaires rompue depuis toujours à l’essor économique et à la défense de l’emploi. Nour, épaulée par une journaliste indépendante (Céline Sallette) qui se bat elle aussi pour dénoncer les dérives, symbolise cette jeunesse exclusivement préoccupée par la préservation de la santé et le respect de la nature. Autour de ce choix épineux s’articule toute la tension d’une narration intelligible qui prend bien soin de ne jamais tomber dans le piège des discours partisans. Car qui peut dire qui a tort ou a raison ? Comment condamner arbitrairement des personnes dont la bonne foi ne fait aucun doute même si elles commettent des actions répréhensibles ?
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Pour servir une cause d’une telle envergure, il convient de la placer entre les mains de héros de haute volée, capables de susciter empathie et conviction. De Zita Hanrot émane une authenticité naturelle. Entre fragilité et détermination, elle porte haut et fort l’engagement de son personnage, tout en tentant de préserver l’unité familiale. Son tandem avec Sami Bouajila, généreux et sensible, alimente une relation père-fille toute de complexité et de contradictions qui touche droit au cœur. Entre eux, Céline Sallette se glisse dans le rôle de l’arbitre et, dotée d’une fabuleuse force de persuasion, apporte une troisième voie à ce parcours escarpé. A ce trio d’une efficacité certaine, se joignent quelques voix dissonantes que le réalisateur s’assure de ne jamais transformer en « méchants ». Si Olivier Gourmet, dans son rôle de directeur d’usine, peut faire l’objet de bien des critiques, sa capacité d’écoute et son sens de la mesure lui évitent l’opprobre.
Parfaitement abouti, Rouge ouvre le débat et, loin de tout jugement ou tentative d’orientation, amorce la réflexion autour du futur de nos sociétés à bout de souffle.
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