Le 29 mai 2018

- Acteur : Roseanne Barr
Roseanne où l’art de tuer son show en quelques mots (de trop).
Après un retour tonitruant sur la chaîne ABC, la sitcom prolo des années 80 Roseanne n’a cessé de battre des records et susciter des passions. Revival inespéré d’un phénomène digne d’une décennie où l’Amérique fric bossait aussi au rythme des tubes de Bruce Springsteen, cette série sur une famille d’Américains moyens, avec deux comédiens obèses en tête de casting, Roseanne Barr et John Goodman, posait des problématiques évidentes dans lesquels l’Amérique oubliée pouvait se reconnaître, loin des working-girls à la mode de Wall Street ou du New York chic.
L’actrice Roseanne était devenue du jour au lendemain une vedette flirtant avec Hollywood lors de quelques projets oubliés, notamment She-Devil, comédie féroce de Susan Seidelman, avec Meryl Streep. En mars 2018, le reboot du Roseanne Show suscite l’amour des critiques et, après deux décennies d’absence, bat des records d’audimat, malgré, surprise, le point de vue ultra conservateur jouée par la star, dont le personnage est ouvertement pro Donald Trump. Le président heureux d’avoir enfin une idole populaires parmi ses admirateurs, lui tweete sa satisfaction et ses remerciements. ABC, toutefois, renouvelle très vite la sitcom pour une deuxième saison, le personnage bourru étant aussi contrebalancé par des personnages ouvertement libéraux, dans le sens américain du terme, c’est-à-dire progressistes, démocrates, voire homosexuel pour l’un des personnages centraux.
- (C) ABC
Le dérapage de trop. Ce mardi Roseanne reprend les mauvaises manières de son gourou conservateur et saisit Twitter pour réagir contre une personnalité politique de l’ère Obama qu’elle évoque en ligne comme le croisement entre l’organisation Muslim Brotherhood et La Planète des Singes. Elle efface le Tweet, s’excuse... Mais c’est trop tard.
Son humour corrosif, en fait miroir de sa personnalité politique qui a défrayé la chronique à de nombreuses reprises, a suscité colère et déception, jusque dans le cast de Roseanne, l’actrice Sara Gilbert s’est empressée de se désolidariser de sa camarade de jeu, sur les réseaux sociaux. Pour les pontes de ABC qui appartient à l’empire Disney, la faute est d’autant plus grave, que le contexte politique ne peut légitimer pareil dérapage, ouvertement raciste et indigne d’une vedette à l’influence si grande sur les Américains, de toutes générations confondues.
L’actrice de 65 ans a donc été remerciée, malgré la promesse récente d’une saison 2, au vu des résultats records obtenus par son show entièrement bâti sur son nom. Une décision lourde en millions de dollars qui vient toutefois sauver la dignité d’une Amérique ébranlée régulièrement par les armées de trolls nauséabonds de l’oiseau bleu. Après l’éviction de Kevin Spacey du plateau de House of Cards par Netflix, ce cas n’est donc nullement isolé et démontre désormais que les critères financiers ne justifient pas tous les abus et ne sont pas les seuls critères de décision. La fin d’une époque, donc.