Room

Entre tentatives expérimentales et vagabondage fumeux, un premier film envoûtant mais un rien creux.

L’argument : Une mère de famille du Texas souffre de vertiges où lui apparaît sans cesse la vision menaçante d’une pièce qui lui est inconnue.

Notre avis : Premier long métrage de fiction de l’Américain Kyle Henry (auteur auparavant de deux documentaires), Room est un film trip aux enchevêtrement sibyllins, suivant le parcours d’une Alice au pays des cauchemars. Julia, mère de famille ordinaire, se noie dans ses tâches ménagères, exaspérée par un emploi assommant dans une maison de jeu où son patron ne la lâche pas d’une semelle. Exsangue, Julia s’efface lors de ses évanouissements, guidée par une étrange lumière. Kyle Henry s’engage alors vers un récit expérimental au pouvoir envoûtant assez efficace, suivant les traces d’un personnage en fuite, étouffé dans son Texas comme dans la jungle new-yorkaise. Le jeune réalisateur croque son héroïne comme sortie d’une photographie de Nan Goldin, entre habitudes usées et grondement intime. La spirale infernale se déploie mais après avoir joué chacune de ses cartes, Room n’aboutit nulle part, s’achevant en un kaléidoscope qui cristallise l’étourdissement inconsolable de son personnage comme il marque l’incapacité de Henry à boucler correctement sa jolie boucle. Inachevé, étrangement creux (au point de frôler le délicieux foutage de gueule), Room convainc davantage dans sa sombre peinture sociale de laquelle émerge Cindy Williams en héroïne perdue au regard éteint.