Les grandes heures de la Nikkatsu
Le 12 mai 2015
Quatre exemples de roman porno typiques des heures de gloire de la Nikkatsu : érotisme SM, bondage, fixations scatologiques, lutte entre les sexes et ce besoin d’humilier et de souiller l’autre comme seul moyen pour atteindre l’extase... ou la folie.
- Réalisateurs : Noboru Tanaka - Masaru Konuma - Tatsumi Kumashiro
- Acteurs : Junko Miyashita, Naomi Tani, Hatsuo Yamatani, Nagatoshi Sakamoto, Renji Ishibashi
- Genre : Érotique, Roman Porno
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Zootrope Films
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 5 mai 2015
L'a vu
Veut le voir
Quatre exemples de roman porno typiques des heures de gloire de la Nikkatsu : érotisme SM, bondage, fixations scatologiques, lutte entre les sexes et ce besoin d’humilier et de souiller l’autre comme seul moyen pour atteindre l’extase... ou la folie.
L’argument : Fleur secrète (Masaru Konuma) : Makoto, un employé modèle, collectionne les photos « bondage » réalisées par sa mère. Son patron tombe dessus et force Makoto à initier sa femme à des plaisirs interdits… La femme aux cheveux rouges (Tatsumi Kumashiro) : Une femme aux cheveux rouges sensuelle se met en ménage avec le conducteur d’un camion-poubelle fasciné par son franc parler. Bondage (Noboru Tanaka) : Un artiste, spécialiste des photos de bondage, éprouve une fascination sans limite pour les visages féminins exprimant la douleur. Sa relation avec son modèle va conduire celle-ci à la folie. Une femme à sacrifier (Masaru Konuma) : Accusé de sévices, Kumisada doit mener une vie clandestine. Trois ans plus tard, il retrouve sa femme Akiko et la contraint à le suivre dans une maison abandonnée pour la soumettre à ses penchants les plus sadiques…
Notre avis : Retour sur le cinéma érotique japonais des années 1970 avec quatre films représentatifs des obsessions nippones pour les corps féminins humiliés, ligotés, attachés et pour une forme de romantisme extrême et pervers où le plaisir s’apparente toujours à une lutte et une domination d’un sexe sur l’autre. Dès 1971, les studios Nikkatsu se sont spécialisés dans ce genre très spécifique et prolifique (on comptera plusieurs centaines de titres entre les années 1970 et 1980). Cette nouvelle sélection nous plonge ainsi dans les grandes heures du pinku eiga et, plus spécifiquement, du roman porno. Même si les récits et les thématiques pourraient renvoyer aux écrits du Marquis du Sade, nous en sommes pourtant bien loin tant se déploient ici des obsessions typiquement ancrées dans un territoire et une culture bien différente de la nôtre. En raison de la censure et de l’interdiction de dévoiler les parties intimes et les actes sexuels non simulés, les cinéastes se focalisent sur d’autres pratiques : obsession pour les liquides corporels (excréments, urine, sang menstruel, diarrhées), plans interminables sur des visages de femmes en souffrance et haletantes, seins que l’on tête, poils pubiens que l’on rase en hors-champ, chevelure que l’on resserre, cire brûlante, kimonos entrouverts et corps paralysés par tout un amas de nœuds. Les éditions DVD replacent d’ailleurs bien dans le contexte en incluant la biographie de Seiu Ito, le père du bondage, ou celle de l’auteur Oniroku Dan. Deux actrices stars du genre sont ici mises à l’honneur : Naomi Tani et Junko Miyashita. Malgré les budgets restreints et les unités de lieu, les films, ne dépassant jamais les quatre-vingt minutes, bénéficient d’une photographie élégante et de mises en scène de haut niveau, relevant des scénarios parfois sommaires (certains plans dans la nature sont d’une beauté stupéfiante, pour preuve les séquences dans la neige de Bondage).
Cinéma commercial et obscène à la fois, le roman porno joue en permanence avec ce qu’il est possible de montrer dans le cinéma japonais de l’époque et reste perturbant de par sa violence frénétique (les scènes de viol sur les femmes sont innombrables, y compris sur des gamines, qui, dans la fantasmatique de ce cinéma, finissent par se soumettre et aimer leurs bourreaux). Et derrière tout cela se cache parfois la critique sociale (vision intransigeante du capitalisme dans Fleur secrète, peinture brutale du monde ouvrier dans La femme aux cheveux rouges).
Ces Romans érotiques Vol.2 se révèlent donc une passionnante étude sur le Japon des années 1970, même pour ceux qui restent totalement hermétiques aux pratiques sadomasochistes et font brillamment suite au premier volume paru le 7 avril 2015, incluant La maison des perversités (Noboru Tanaka), La vie secrète de Madame Yoshino (Masaru Konuma), La véritable histoire d’Abe Sada (Noboru Tanaka) et Sayuri strip-teaseuse.
Les critiques par films :
Fleur secrète
Bondage
Une femme à sacrifier
La femme aux cheveux rouges
Les suppléments
En termes de suppléments, c’est le film Fleur secrète qui est le mieux servi vu qu’il comprend un livret incluant photographies, biographies et citations. De nombreuses bandes annonces des films de la Nikkatsu démarrent aussi le disque bien qu’elles ne figurent pas au menu. A cela s’ajoute un court extrait (deux minutes environ) d’une interview avec la toujours très jolie Naomi Tani. Il s’agit en fait d’une petite section d’un entretien plus long qui figure sur le DVD d’ Une femme à sacrifier. La reine du bondage y revient sur ses débuts jusqu’à ce qu’elle devienne l’égérie du sadomasochisme. Elle parle bien entendu du film, des équipes de tournage et du réalisateur et revient sur une scène aussi culte que celle où Divine mange une crotte de chien dans Pink Flamingoes, c’est bien entendu celle où elle défèque une étrange et volumineuse goutte d’or dans des toilettes extérieures. Sur le même DVD, nous avons droit à une interview de Hideo Nakata qui nous relate sa rencontre avec Masaru Konuma et l’expérience qu’il a acquise en étant son assistant. Pour Bondage, nous bénéficions juste d’un entretien d’environ cinq minutes avec Noboru Tanaka dans lequel il revient plus précisément sur ses influences et notamment Georges Bataille. Pour finir, La femme aux cheveux rouges est agrémenté d’un entretien avec la scripte Akane Shiratori. Vingt minutes fort intéressantes qui nous permettent de mieux cerner la personnalité du réalisateur, sa haine de la censure et son rapport à la forme.
Les films ne sont ici disponibles qu’en version originale sous-titrée en français. La restauration est, quant à elle, impeccable, rendant hommage à la photographie et aux couleurs vives de ces métrages où tout est mis en oeuvre pour souligner la beauté des formes des actrices Junko Miyashita et Naomi Tani.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.