SM extrême
Le 27 décembre 2023
Un Masaru Konuma inédit et très excitant sort - enfin - avec plus de trente ans de retard en France. C’est la meilleure nouvelle l’été 2008 au cinéma.


- Réalisateur : Masaru Konuma
- Acteurs : Naomi Tani, Nagatoshi Sakamoto
- Genre : Drame, Érotique, Roman Porno
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Zootrope Films
- Durée : 1h14mn
- Titre original : Hana to hebi
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 30 juillet 2008
– Année de production : 1974
Résumé : L’épouse d’un grand patron refuse de se soumettre aux fantasmes de son mari tordu. Pour remédier à ce problème, Monsieur demande à l’un de ses employés modèles d’initier Madame à des plaisirs très interdits. Le sexe dans ses meilleurs états.
Critique : Pour qui a envie - et a raison - de découvrir le cinéma de Masaru Konuma, valeur essentielle de la Nikkatsu dans les années 70, il faut succomber à Fleur secrète, l’un de ses meilleurs films, adapté d’un roman de Oniroku Dan. D’un bout à l’autre, cette dérive sadienne développe avec une acuité inouïe le plaisir malade de l’esprit et la souffrance inavouable du corps. Là où avec un tel sujet d’autres réalisateurs se seraient fourvoyés dans le racolage de bas étage et livrer un machin masturbatoire, Masaru Konuma, pro en la matière, transcende les bases d’une intrigue sise entre pinku SM et roman-photo pour exploser la petite boutique épicurienne des fantasmes et naviguer à vue, dans des eaux infiniment plus troubles. Par le simple pouvoir de sa mise en scène et, surtout, la présence d’une héroïne suppliciée (la sublime Naomi Tani, icône de Konuma, excitante comme une déesse prisonnière des enfers), ce conte aussi pervers qu’ataraxique propose à l’arrivée autant de séquences incandescentes de sadisme qu’une vraie réflexion sur les méandres du désir.
Tous les personnages de Fleur secrète contrôlent plus ou moins bien leur besoin urgent de sexe et s’arrangent comme ils peuvent avec certaines frustrations (l’absence du partenaire qui travaille de partout). Les scènes les plus anodines, pas nécessairement à caractère sexuel, rendent compte de cette obsession qui contamine. Et c’est beau des personnages qui réapprennent à baiser, voire même à aimer. La nécessité d’exaucer des fantasmes pour s’affranchir d’une rigidité sociale permet en creux de disséquer des obsessions typiquement masculines inféodées au regard féminin : guérisseur, purificateur, nourricier, soumis ou voyeur. Le fétichisme, l’exaltation du toucher et le plaisir dans la souffrance se révèlent autant les éléments d’un manifeste esthétique que d’un drame sexuel au romantisme absolu. Trente ans plus tard, Takashi Ishii a proposé un remake lamentable de Fleur secrète, incapable d’atteindre la complexité psychologique, le parfum aphrodisiaque et l’essence charnelle de l’original. Aujourd’hui encore, grâce à l’innocence du discours et la perversité des images, la fleur du serpent Konuma n’a rien perdu de son nectar érotique ni même de son venin ensorceleur. Ce n’est pas de la chair à théorie ; c’est juste une réjouissance des sens au degré le plus extrême.
Norman06 22 avril 2009
Fleur secrète - Masaru Konuma - critique
Curiosité pour cinéphiles davantage que réussite majeure, ce film sulfureux, audacieux pour l’époque, n’est certes pas L’Empire des sens de Oshima et choquera en outre ceux qui s’attendent à un érotisme distingué. On appréciera le ton décalé et un dénouement réjouissant.