La machine à broyer les petites filles
Le 16 juin 2009
Anne Villacèque filme la douleur des premières expériences, quand le monde est encore aux couleurs des contes de fées, quand on effleure le rêve, sans jamais y avoir sa place.
- Réalisateur : Anne Villacèque
- Acteurs : Miou-Miou, Vahina Giocante, Élie Semoun
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h38mn
– Le site du film
Anne Villacèque filme la douleur des premières expériences, quand le monde est encore aux couleurs des contes de fées, quand on effleure le rêve, sans jamais y avoir sa place.
L’argument : Stella, dix-sept ans, belle et blonde, vit avec sa mère, Antoinette, sur la Côte d’Azur. L’une est danseuse dans des clubs, l’autre femme de chambre dans un hôtel de luxe. L’une travaille la nuit, l’autre le jour, mais leur lien est permanent. Elles sont ensemble spectatrices d’un monde qui dépense et jouit, d’un monde comme à la télé qu’elles côtoient sans cesse sans jamais le toucher.
Arrive Romansky, agent immobilier en mission sur la Côte. Il croise la mère dans l’hôtel où il réside, puis désire la fille au club où il vient tuer son ennui.
Alors, l’improbable a lieu : une rencontre entre une trop belle fille et cet homme seul, peut-être le début d’une histoire d’amour.
Notre avis : Riviera. La vie est là. La lumière est partout, où vont se briser les papillons fragiles. Comme Stella, qui rayonne encore de la grâce d’une innocence que l’on sait moribonde. Stella court vers la lumière, celle du luxe, de l’argent facile, des garçons en décapotables qui se jouent d’elle sur une banquette arrière. Stella danse la nuit, dans les discothèques, mettant en scène la perfection de son corps livré à la concupiscence. Antoinette, la mère, frôle aussi la lumière lorsqu’elle passe l’aspirateur dans les chambres d’un palace, mais sa vie ne lui appartient pas, réduite à l’ombre de Stella par qui le rêve est à portée de main.
Alors la caméra d’Anne Villacèque va se poser, se coller, pourrait-on dire, sur ces personnages en déroute, dans des plans serrés jusqu’à l’asphyxie, qui ne laissent voir, de cette Riviera, que l’imposture étouffante d’un conte pervers. Le soleil n’existe plus, la mer n’est là que pour laver les souillures des hommes que l’on n’a pas choisis.
Petite chérie observait déjà la descente aux enfers de personnages en mal d’identité, incapables d’être, de dire non, de comprendre la dureté de la vie hors de la violence des illusions pulvérisées. On pense à une vision de l’adolescence qui aurait à voir avec Breillat. Pourtant, en l’espace de deux films, Anne Villacèque a su imposer un univers, mettre en scène la violence du monde, la fragilité des âmes, et l’impuissance de ceux qui n’ont pas le secours des mots pour se redresser. Les coups se prennent de plein fouet, ils durcissent les regards et les cœurs car ce n’est que sur ces blessures que l’on apprend à grandir.
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