Le 10 juin 2020
Chabrol en roue libre. On dérive parfois vers le grand n’importe quoi, même si l’acidité du réalisateur s’avère souvent jubilatoire.
- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Isabelle Huppert, Michel Serrault, François Cluzet , Jackie Berroyer, Jean-François Balmer
- Genre : Comédie, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : Carlotta Films, MK2 Distribution
- Durée : 1h45min
- Date télé : 10 juin 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 29 septembre 2021
- Date de sortie : 15 octobre 1997
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Résumé : Victor a soixante ans, Betty, la moitié de son âge. Ils forment un couple disparate et bien malin qui pourrait dire leurs rapports réels, sinon ceux d’une association de malfaiteurs. Ils sillonnent la France et les pays limitrophes a bord d’un camping-car, recherchant particulièrement les congrès professionnels ou Betty se charge de trouver des pigeons. Ils ne se font jamais prendre car ils restent modestes dans leurs exactions. Jusqu’au jour ou une de leurs opérations les entraine sur le terrain inconnu et dangereux du blanchiment de l’argent douteux.
Critique : Après le choc chabrolien de 1995 nommé La Cérémonie, Rien ne va plus paraît un divertissement mineur, certes dans la veine de son auteur, acide à souhait. Mais cette histoire d’escrocs minables ne va pas au-delà de la sympathie naturelle qu’on éprouve pour les acteurs principaux : ils y sont en effet très bons. L’affaire débute par les entreprises de séduction d’une jolie femme, qu’interprète Isabelle Huppert avec une forme de gourmandise : elle s’appelle Betty et se présente comme "sous-directrice de contentieux à l’UAP". Et elle va d’abord pigeonner un pauvre nigaud qu’incarne l’excellent Jackie Berroyer. Le cadre est symbolique : un casino où, dans tous les sens du terme, "rien ne va plus". Le naïf est endormi par la machiavélique Betty (coup classique du soporifique dans le verre), avant de se faire dépouiller par un duo de malfaiteurs père-fille presque incestueux. Ce délit initial s’étire un peu trop, Chabrol exploitant l’ironie prévisible de la situation, semblant s’amuser, comme ses personnages, du sale coup qui vient d’être joué.
La suite est un road movie d’abord en camping-car, puis en télésiège et enfin en avion, l’ensemble offrant tout de même son lot de scènes réjouissantes où s’exprime l’humour sarcastique du réalisateur : ainsi, Chabrol porte un regard toujours aussi narquois sur le petit écran (sur du Morandini - période "Tout est possible" - glisse un œil distrait), s’amuse à perturber un congrès européen de dentistes ("ils ont l’air assez prétentieux pour être des bonnes poires"), imagine un trésorier bourgeois parfaitement stupide (qu’interprète François Cluzet), mais finalement a l’air de se foutre comme d’une guigne de son intrigue, tant elle semble le prétexte à la mise en scène de personnages baroques ou de situations absurdes, évoquant même parfois, par quelques outrances, un Mocky orthodoxe. On a constamment l’impression que le récit chemine selon les humeurs de son auteur, "à sauts et à gambades". Lorsqu’il plaît à Chabrol de prendre un peu le soleil, tout ce beau monde finit en Guadeloupe, dans une ambiance de téléfilm parodique. Le scénario bifurque alors vers le grand n’importe quoi assumé. C’est à ce moment que Jean-François Balmer, alias monsieur K, s’empare de la fiction, à travers le rôle d’un psychopathe. Si on suit le gentil délire, on pourra prendre le billet du retour vers la Suisse. Sinon, il ne reste plus qu’à se noyer dans le lagon.
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