Patrice Leconte et l’esprit français
Le 17 septembre 2023
Cette plongée spirituelle dans la monde de la noblesse du XVIIIe siècle est le film le plus internationalement réputé de Patrice Leconte.


- Réalisateur : Patrice Leconte
- Acteurs : Fanny Ardant, Judith Godrèche, Jean Rochefort, Charles Berling, Bernard Giraudeau, Gérard Sergue, Jacques Mathou, Carlo Brandt, Albert Delpy, Bernard Dhéran, Urbain Cancelier, Maurice Chevit, Marc Berman, Antonin Lebas-Joly
- Genre : Comédie dramatique, Historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : PolyGram Film Distribution
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Durée : 1h42mn
- Date télé : 14 mars 2025 21:05
- Chaîne : France 5
- Date de sortie : 9 mai 1996
- Festival : Festival de Cannes 1996

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Grégoire Ponceludon de Malavoy, jeune aristocrate désargenté et candide, arrive à la cour de Louis XVI à Versailles afin d’obtenir des ministres du roi les moyens d’assécher les marais de la Dombes infestés par les fièvres. Il participe alors à cette vie où l’honneur et les mots d’esprit sont le centre d’une effervescence raffinée et décadente, en tâchant de se faire un nom dans le salon de la comtesse de Blayac, véritable antichambre du pouvoir. Car le bel esprit peut faire une carrière alors que le ridicule la brise à jamais...
Critique : À partir de Tandem et Monsieur Hire, l’œuvre de Patrice Leconte a pris un virage étonnant et le cinéaste a réalisé des films plus personnels et ambitieux, bien qu’inégaux. Auréolé de quatre César et d’une nomination à l’Oscar, Ridicule marque sa consécration. À partir d’un scénario subtil de Rémi Waterhouse, le film dépeint avec brio la société de cour, avec ses aristocrates oisifs ne vivant que de traits d’esprit, et indifférente aux éléments extérieurs. Noble éclairé, instruit mais désargenté, Grégoire (Charles Berling) s’intègre avec aisance mais opportunisme dans ce beau monde qu’il méprise, le temps d’obtenir une audience au roi et de voir l’évolution de ses sentiments envers Mathilde (Judith Godrèche). La jeune fille est un esprit féministe et scientifique, que son médecin de père (Jean Rochefort), pourtant progressiste, destine à un vieil homme fortuné (Bernard Dhéran), ne fréquentant qu’avec modération la cour. « Les paysans ne nourrissent pas seulement les moustiques, ils nourrissent aussi les aristocrates », réplique Grégoire au cynique abbé de Vilecourt (Bernard Giraudeau).
Car cette bonne société feint d’ignorer la misère paysanne et les injustices sociales, décrites dans le film avec la même acuité que dans Que la fête commence (B. Tavernier, 1975) ou Molière (A. Mnouchkine, 1978). Elle dédaigne aussi les provinciaux, fussent-ils nobles, ainsi que les philosophes et hommes de science. Un médecin présentant les progrès de son institution pour sourds et muets est ainsi accueilli par des sarcasmes. Ridicule réussit aussi à cerner les ravages des jeux amoureux à travers le personnage de Mme de Blayac auquel Fanny Ardant apporte sa classe habituelle. Les éclairages contrastés de Thierry Arbogast, les costumes créatifs d’Yves Gasc ou la musique inspirée d’Antoine Duhamel contribuent à la réussite artistique de l’ensemble. On ne pourra en fin de compte reprocher au film que sa perfection et son « bon goût », représentatifs d’une certaine « qualité française » à laquelle il manque peut-être un brin de folie. Mais c’est une réserve mineure face à la beauté de cette œuvre d’époque.
– Césars 1997 : Meilleur Film - Meilleur réalisateur - Meilleurs décors - Meilleurs costumes
– BAFTA Awards 1997 : Meilleur film étranger
– Broadcast Film Critics Association Awards 1997 : Meilleur film étranger