Les entretiens aVoir-aLire
Le 7 mai 2003
Courte rencontre avec le réalisateur iranien qui signe son premier long métrage.
- Réalisateur : Babak Shokrian
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Drôle de parcours que celui de Babak Shokrian. Arrivé à Los Angeles avec toute sa famille en 1971, en provenance de Téhéran, Babak Shokrian est diplômé de UCLA en anthropologie, mention cinéma anthropologique. En 1973, il explore une première fois la question de l’identité iranienne dans un court métrage intitulé Peaceful Sabbath qu’il écrit, réalise et produit. Après deux années d’études à la cinémathèque de Paris, il signe son premier long métrage America so beautiful qui sort le 30 mars en France.
Pourquoi avez-vous tenu à ce que votre récit mette en parallèle l’histoire des personnages et les relations politiques entre l’Iran et les Etats-Unis en 1979 ?
L’actuelle attitude américaine en matière de politique extérieure n’est pas nouvelle. En 1979, les Etats-Unis voulait aussi contrôler l’Iran. La prise d’otage leur a servi d’excuse pour user des armes. C’était intéressant de mettre en parallèle ces choix politiques et la façon dont les émigrés iraniens sont acceptés dans le pays.
Je voulais aussi parler de la difficulté d’être américain. Qu’est-ce qu’être américain d’ailleurs ? Les Etats-Unis accueillent les étrangers mais les excluent. Il faut être naïf pour croire au rêve américain. Houshang [le héros du film] est un personnage naïf. Il veut prendre des raccourcis, mais il va apprendre qu’il est difficile d’entrer dans un pays par la voie la plus clinquante (la discothèque symbolise cela).
C’est l’histoire d’une initiation ?
Tous les personnages sont là pour des raisons différentes. Mais ce qui m’intéressait, c’était surtout la "génération perdue", sans repère culturel, à la fois attirée par la culture américaine et attachée à la culture iranienne. De la même façon, Houshang est pris entre deux histoires d’amour, avec Lucy et avec Maryam. L’histoire avec Lucy participe du rêve américain d’Houshang. Il lui faudra revenir à la réalité : une vraie chute. Houshang devra ravaler sa fierté. Mais ce retour à la réalité est une chance pour lui. L’Amérique donne au moins ça : la possibilité de prendre un nouveau départ. A moins que ce ne soit l’esprit humain qui permette de recommencer ?
Il y a une certaine ironie dans votre casting...
Mansour [qui interprète le rôle d’Houshang] est une star dans la communauté iranienne. Jouer dans mon film, c’était pour lui repartir de zéro, et jouer la situation inverse de celle dans laquelle il se trouve en réalité. Mansour a été courageux d’accepter ce rôle. Il a dû apprendre à jouer la comédie. Comme son personnage, il est sorti grandi de cette expérience. Je l’avais choisi parce qu’il a un visage innocent, parfait pour le rôle. Naturellement, cela ne suffit pas, il faut avoir la sensibilité pour jouer, comme un costume. Et lui, comme tous les autres acteurs du film, a cette sensibilité.
Photo©Jessica Shokrian
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