Les illusions perdues
Le 7 mai 2003
La trajectoire de l’amère désillusion d’un jeune Iranien qui débarque aux USA.
- Réalisateur : Babak Shokrian
- Acteurs : Rémy Girard, Mansour, Alan DeSatti
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
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– Durée : 1h32mn
La trajectoire d’une amère désillusion, celle d’un jeune Iranien qui débarque en Amérique à l’heure où le disco et la crise iranienne explosent.
Le cinéma américain a mis en scène les communautés italo-américaine, hispano-américaine, les Irlandais et et les Asiatiques. America so beautiful innove. Pour son premier long métrage Babak Shokrian dresse le portrait de la communauté iranienne à Los Angeles en 1979, pendant la crise entre les Etats-Unis et l’Iran. Si le générique s’ouvre sur des images d’archives, c’est bien pour ancrer le film dans ce contexte tendu. Contrairement à d’autres groupes, les Iraniens sont très peu intégrés à la société américaine. Et c’est là un des atouts du film : traiter du problème de l’intégration dans le pays du melting-pot et du rêve américain.
Houshang est un jeune Iranien assez fraîchement arrivé à Los Angeles pour y croire encore. Le rêve se présente sous la forme d’un propriétaire de boîte de nuit lui aussi iranien, symbole de la réussite avec sa chaîne en or, son cabriolet et son costume blanc crème. La représentation de Los Angeles dans la toute fin des années 70 donne l’occasion à Babak Shokrian d’insuffler à son film une couleur particulière, à mi-chemin entre le réalisme et la fable. Là où le rêve américain est censé briller de tous ses feux, le réalisateur laisse paraître ici et là le sordide, le faux, le toc. Au contraire, dans les scènes du quotidien et de l’errance (à la recherche d’un lieu où passer la soirée), les images sont marquées par une certaine poésie. Il y a même une agréable nostalgie de l’esthétique kitsch et modeste de l’épicerie iranienne du coin de la rue, des arrières cours et des parkings.
Au rythme des attentes des personnages, le film prend corps. Houshang est pressé, mais le rêve ne se matérialise pas. Face aux déconvenues de la journée, il espère beaucoup de la vie nocturne du Los Angeles disco. Mais la soirée trépidante qui avait été envisagée devient une errance de lieu en lieu. Car n’entre pas dans les night-clubs qui veut. Pour franchir le barrage des videurs, le comble n’est-il pas d’essayer de se faire passer pour des Italiens, comme s’il existait une hiérarchie ? De fait, cette hiérarchie existe et Babak Shokrian la met en scène avec humour. Avec ce refus de les laisser entrer dans les hautes sphères des strass et des paillettes américaines, les personnages font l’expérience du racisme et de la haine, mais aussi de l’impossibilité d’accéder à ce qu’on leur fait miroiter. Le réalisateur dénonce l’hypocrisie d’un pays qui prône la possibilité pour tous de réussir et qui se targue d’être un melting-pot, cohabitation tolérante et courtoise.
Mais Babak Shokrian connaît suffisamment la communauté iranienne pour nuancer son propos. Chaque personnage incarne une manière différente d’envisager son séjour à Los Angeles. Houshang veut s’intégrer, mais certains conçoivent très bien de vivre à Los Angeles sans s’américaniser. D’autres attendent leur retour au pays. En contrepoint de ces portraits, le réalisateur insère des rappels de l’actualité. La télévision et la radio ne parlent que de la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran. Et même si les protagonistes veulent nier la situation, ils ne sont pas, en tant qu’Iraniens, les bienvenus aux Etats-Unis. La belle Amérique leur est fermée. America so beautiful est l’histoire initiatique d’un jeune homme qui apprendra à ses dépends la réalité de son statut d’émigré. Il faudra qu’Houshang réajuste ses rêves, et c’est ce qui le sauvera.
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