Qui m’aime me suive - la critique du film

Critique : De retour dans cette région sétoise qui lui est chère (il y avait planté le décor de son Coup d’éclat en 2011), José Alcala rend hommage à cette génération qui, en 68, inventa des idéaux de liberté et de fraternité qu’elle espérait bien transmettre. Aujourd’hui, entre retraite insuffisante et illusions déçues, elle n’a cependant pas perdu sa joie de vivre. Si ce naufrage sociétal n’est pas le sujet principal du film, il l’irrigue en filigrane et fait de cette réflexion sur le temps qui passe une comédie douce-amère qui vaut surtout pour la qualité de son casting haut de gamme.

Copyright Alain Guizard

Autour de personnages décalés et sincères dont la jeunesse s’est envolée mais qui persistent à vivre avec les valeurs de leur vingt ans en faisant semblant de ne pas se rendre compte que le monde a changé, il crée une histoire d’amour à trois bien éloignée du vaudeville car essentiellement dominée par la tendresse et une amitié indéfectible. Pour ces seniors qui vécurent l’explosion de la liberté des mœurs du début des années 70, rien de mieux que de recréer un triangle amoureux pour faire revivre les rêves perdus. Maillon fort du trio, Simone (Catherine Frot) renoue avec ses aspirations de liberté et invite ceux qui l’aiment à la suivre. Voilà un sujet qui, placé au cœur de paysages de soleil, de verdure et de plages, laisse espérer de beaux moments de fantaisie. Pourtant, des situations trop souvent prévisibles et des gags sans grande originalité nous laissent au bord du chemin.

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Cette histoire teintée de tendre nostalgie vibre avant tout de la spontanéité et de l’humanisme de ses personnages auxquels nos trois comédiens s’identifient avec plus ou moins de bonheur. S’il nous avait régalé de la justesse de son jeu sous les traits d’un professeur de droit passablement réac dans Le brio, ou plus récemment de l’émouvante interprétation du Vitalis de Rémi sans famille, Daniel Auteuil peine cette fois à enfiler le costume du senior bougon et franchouillard que lui a réservé José Alcala. Tiraillé entre désenchantement et nigauderie, il force le trait sans jamais atteindre une quelconque crédibilité. Il faudra se tourner vers Bernard Le Coq pour espérer retrouver une once de légèreté. Il insuffle son flegme et sa décontraction naturelle à Étienne, ce baba cool sympathique et vif qui n’entend guère se laisser gagner par la mélancolie et s’évade grâce à des randonnées cyclistes auxquelles il accorde le plus grand sérieux. Mais c’est sans conteste Simone qui assure la cohésion de ce groupe hétéroclite. Catherine Frot la nourrit sans mollir de sa facétie et son dynamisme. Féminine, curieuse, drôle, parfois mordante, souvent ironique, elle en fait une femme du peuple au sens le plus noble du terme et éclaire d’une vigoureuse tonalité cette gentille romance au scénario inabouti.