Le 21 septembre 2017
- Scénariste : Xavier Bétaucourt>
- Dessinateur : Olivier PERRET
- Collection : Encrages
- Genre : Document, Chronique sociale
- Editeur : Delcourt
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 6 septembre 2017
Une chronique ambitieuse et bouleversante du quotidien des soins palliatifs.
Les témoignages de personnels des hôpitaux commencent à arriver dans le milieu BD (citons par exemple le très réussi et documenté Hôpital Public paru en septembre 2016 chez Vide Cocagne). À la télévision, les séries américaines avaient donné des lettres de noblesse à ce milieu, avec des cartons d’audience et des personnages clefs. Le choix Xavier Betaucourt et Olivier Perret est à des années-lumière de ce qui est proposé dans le monde de la culture, pour évoquer celui de la santé. Quelques jours à vivre ressemble à un récit en pleine immersion dans l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de Roubaix, où une infirmière débute sa formation. Mais très vite, les différents personnages glissent de l’un à l’autre, sans fil, sans intrigue, juste pour voguer d’une sensation à une autre, une anecdote en entraînant une autre, une garde de nuit laissant sa place à celle du jour. Entre, des micro-reportages viennent donner une foule d’informations : sur les timides et lentes avancées de la médecine, et de son rapport à l’homme et à la douleur, des pages servant à donner la parole à plusieurs habitués, infirmière, psy ou médecin, qui rapportent leurs impressions et leur humanité ; enfin, des scènes de vie, ou plutôt de fin de vies, rythment le quotidien de l’unité, entre angoisses, acceptations et attentes. Étrangement, le lieu et les pages montent que la mort est le plus souvent paisible, comme une surprise au moment où l’on découvre ces gens qui vivent, travaillent ou s’éteignent, tous traversés par une empathie de l’être humain formidable. Bien sûr, il y a de la colère, du désespoir, mais il est rapidement mis entre parenthèses : ce sont finalement les manques de moyens du service public, les néfastes retours en arrière historiques, les conditions de vie des plus indigents qui révoltent le plus en lisant cet ouvrage, qui peut rapidement faire monter les larmes aux yeux sans que l’on s’en rende compte.
© Delcourt
Pour ce qui est du dessin, le noir et blanc semble aller de soi, avec des personnages facilement identifiables, que ce soit les membres du personnel ou les patients. Pas de grandes embardées, ni de courses dans ce livre, qui se veut attentif, posé et calme. Cela n’empêche pas les larmes ou les grimaces de douleur d’être captées, les sourires d’illuminer une pièce ou la lassitude sur les épaules de se montrer. Le dessin apporte peut-être même une chaleur, une intimité et une distance nécessaires, ce qu’un reportage caméra à l’épaule n’aurait pu conserver, ou qu’une fiction ne pourra jamais totalement retranscrire.
© Delcourt
Œuvre de réflexion autant que de passion, elle ouvre la voie du pathétique à l’état brut, pur et originel, celui de la douleur partagée, avec cette idée de l’apaiser, d’accompagner la vie jusqu’au bout. En filigrane, l’euthanasie et son débat qui arrivent naturellement, dans une société qui veut et peut prolonger la vie, mais à quel prix.
129 pages - 14,95€
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