Quartier lointain - la critique

Une relecture profonde et originale de l’œuvre de Jiro Taniguhi qui révèle dans le rôle principal un jeune talent, Léo Legrand.

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L’argument : Thomas, la cinquantaine, père de famille, arrive par hasard dans la ville de son enfance. Pris d’un malaise, il se réveille quarante ans plus tôt, dans son corps d’adolescent. Projeté dans le passé, il va non seulement revivre son premier amour, mais aussi chercher à comprendre les raisons du mystérieux départ de son père.
Mais peut-on modifier son passé en le revivant ?

Notre avis : Avant d’être un film, Quartier lointain est un manga. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du plus célèbre de Jiro Taniguchi, mangaka vénéré au Pays du Soleil Levant. Publié en deux volumes - fait rare pour un manga - Quartier lointain retrace l’aventure extraordinaire et spirituelle d’un homme qui, par un fait inexpliqué, retourne dans son passé. Dans le film de Sam Garbaski, l’action est transposée en France et le héros revêt les traits de Pascal Greggory.

© Wild Bunch Distribution

La réussite du long-métrage relève de la distance par rapport à l’œuvre initiale qu’a su prendre le cinéaste. En proposant une vision occidentale de Quartier lointain, il se l’approprie d’autant mieux. Les références et les décors sont ancrés dans la culture française. Autrement, tout y est et notamment la réflexion sur l’incidence de chaque acte dans une existence. Le retour en enfance du personnage principal (prénommé ici Thomas) ne fait pas l’objet d’effets spéciaux. Il s’agit d’un fait que l’on constate par un changement d’époques à travers les décors. Le film se déroule lentement, à l’image de la mémoire de Thomas qui se recompose petit à petit. L’homme cinquantenaire qu’il est se retrouve confronté à ses quatorze ans, aux évènements qui ont marqué son adolescence et surtout sa vie d’adulte. Comment pourrait-il accepter rapidement ces faits qu’il a longtemps nié et qui ont brouillé sa vie actuelle ? C’est pourquoi le cinéaste a choisi un montage fluide ; toutes les scènes sont reliées entre elles et s’expliquent progressivement.

© Wild Bunch Distribution

L’action tient donc autour de la psyché d’un seul homme. Si Pascal Greggory est impeccable en héros rongé par sa propre histoire, il ne faudrait pas oublier de souligner l’interprétation convaincante de Léo Legrand (Jacquou enfant dans Jacquou le croquant de Laurent Boutonnat) incarnant son personnage jeune et qui tient réellement le haut de l’affiche. Malgré les nombreux remous intérieurs que vit le jeune garçon, l’acteur n’en fait pas trop et fait preuve de maturité dans son jeu qui, tout en sobriété, expose clairement les troubles du héros. Portant en grande partie le film sur ses épaules, Léo Legrand s’impose littéralement. On ne peut qu’affirmer que, Sam Garbaski, non seulement inspiré par l’œuvre de Taniguchi, a su diriger ses acteurs et s’approprier Quartier lointain, proposant ainsi un long-métrage bien mené et sincèrement émouvant.

La bande-annonce : ICI

© Wild Bunch Distribution