Le 25 février 2020
Une surréaliste parodie de polar signée David Lynch. Tout l’univers du cinéaste condensé en dix-sept minutes savoureuses.


- Réalisateur : David Lynch
- Genre : Comédie, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Netflix
- Durée : 0h17min
- Date de sortie : 20 janvier 2020

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Résumé : Un détective interroge un singe soupçonné de meurtre.
Notre avis : Réalisé en 2016, Qu’a fait Jack, le délicieux et absurde court-métrage de David Lynch, est enfin visible depuis quelques semaines sur Netflix. Présenté au Festival of Disruption à New York et à la Fondation Cartier à Paris en novembre 2017, cette parodie de polar met en scène le réalisateur dans le rôle d’un détective acharné... et un singe plus humain que nature, à qui Lynch a prêté sa bouche en post-production : l’effet est saisissant, en même temps que les mimiques de l’animal, constamment sur la défensive, mis en cause dans un meurtre, qui a tout d’une vengeance. Habillée d’un somptueux noir et blanc, directement connecté aux deux chefs-d’œuvre du metteur en scène, Eraserhead et Elephant Man, la joute oratoire est un moment surréaliste qui saisit chacun dans sa posture : le singe traqué par l’enquêteur est filmé en gros plan, tandis que la contre-plongée confère au détective la majesté imposante de l’investigation, nimbée d’ombre et de lumière, dans la tradition des grands films noirs hollywoodiens. Le court-métrage se joue avec jubilation des codes verbaux du polar, le dialogue offrant son lot de métaphores gouailleuses, de provocations hardies et de propos comminatoires destinés à faire fléchir l’adversaire. Le match tournera à l’avantage de l’humain, le singe finissant par cracher le morceau à travers un récit autobiographique explicatif, avant d’entonner une chanson mélancolique sur laquelle nous ne dirons pas davantage. Les amateurs de Twin Peaks s’amuseront à repérer les multiples allusions à la série ; les autres, qui se sentent si bien en terre "lynchienne", trouveront assurément leur compte. Quant aux réfractaires, ils estimeront que le bestiaire (singe, orang-outan, poule) ne justifie pas qu’on passe plus d’un quart d’heure de visionnage.