Le 28 août 2024
Un film tapageur et brayard qui ne convainc pas vraiment. La réalisatrice de Juste Sam s’égare dans un récit confus de crimes, de viols et de brutalité gratuite.
- Réalisateur : Sabrina Nouchi
- Acteurs : Sabrina Nouchi, Milo Chiarini, Nicolas Morazzani, Vittoria Baiocco, Michel Ferracci
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : KapFilms
- Durée : 1h30mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 28 août 2024
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Résumé : Bianca, vingt ans, et Lola, vingt-cinq ans, sont deux sœurs que tout oppose. Contraintes de faire les escorts pour sauver leur père d’une dette, elles vont devoir faire face aux conséquences de leurs mauvais choix. Seulement cinq-mille euros manquent à l’appel, mais Bianca va signer le début de la fin lorsqu’elle va asséner un coup sur la tête de Tania, femme de Dan le « mac », sur un malentendu. Entre imprévus, mensonge, accident et meurtre, il ne faudra pas plus d’une nuit à ces deux jeunes filles pour voir leur vie basculer du tout au tout. Malgré les désaccords et les différents qui les divisent tout au long de ce huis clos haletant, une chose continuera de les réunir jusqu’à la fin, l’amour sororal qui les unit...
Critique : Voilà un film qui commence fort. Une escort girl, pour ne pas dire une prostituée occasionnelle, contrainte d’exercer cette sordide activité pour purger les dettes de son père, subit ce qui ressemble plus à un viol qu’à une prestation sexuelle tarifée, commis par la conjointe du mac qui l’emploie avec sa sœur. D’ailleurs, cette dernière surgit pour venir à son secours, et assène un coup magnifique contre la cliente, la clouant au sol pour morte. S’ensuit une succession de cris, larmes, disputes, viols, meurtres glacials et quiproquos tous aussi invraisemblables. Bref, Push It to the Limit s’annonce comme un film d’auteur avec un fort taux d’adrénaline mais ne parvient guère à dépasser le registre du psychodrame dans un environnement restreint à un appartement parisien luxueux.
Le problème principal du film demeure le manque absolu de nuances. Les deux actrices principales qui occupent tout le devant de l’écran alternent cris, sanglots et pulsions irrépréhensibles de mort. Les hommes se succèdent dans l’appartement, et quand ils ne cherchent pas à porter atteinte à leur intégrité sexuelle, se retrouvent à leur tour victimes de ce duo infernal. Le long-métrage devient du coup très difficile à regarder, tant la mise en scène tapageuse en rajoute dans les tentatives de meurtres et les agressions en tout genre. Même les dialogues, très vulgaires, sont limites, confinant les personnages dans des caricatures d’eux-mêmes.
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Sabrina Nouchi aborde évidemment derrière ce portrait ambigu de deux sœurs, la question de la domination des femmes par les hommes et des abus qui en découlent. Mais le récit perd de sa puissance quasi polémique, de par le choix que la réalisatrice fait de ses héroïnes qui succombent autant dans la barbarie que la persécution totale. Le film ne parvient pas à rendre les deux femmes attachantes, tant elles se laissent aller à la sauvagerie, sans doute en écho à tout ce que la gente masculine leur fait subir. On sait bien que la meilleure des défenses est l’attaque, mais de là à les transformer en des tueuses impitoyables, il y a un pas. Ce traitement de l’ultra-violence contre les femmes se retourne contre les intentions légitimes de la réalisatrice.
Push It to the Limit est donc passé à côté de son ambition. Pourtant, les comédiens font le maximum pour crédibiliser des rôles auxquels ils semblent presque pas croire. On perçoit bien le travail de fond sur la lumière, les couleurs, et la détermination de la réalisatrice, film après film, à faire connaître son art. Cette fois, hélas, elle n’est pas parvenue à la hauteur de ses désirs artistiques, du fait essentiellement d’un scenario qui pêche par excès.
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Dans quelques semaines sortira le prochain long-métrage de Sabrina Nouchi, Ça arrive, qui s’attaque aux violences sexuelles et physiques subies par des femmes dans la ville de Marseille. La réalisatrice est tranchée dans ses positions et on ne doute pas qu’elle saura faire valoir, dans un langage plus abouti, la réalité de toutes ces femmes abimées à vie par des traumatismes sexuels.
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