Il arrive !
Le 7 avril 2023
Le plus introspectif des opus carpenteriens, une inéluctable apocalypse annoncée…Une œuvre séminale qui demande de l’attention, lors du visionnage…
- Réalisateur : John Carpenter
- Acteurs : Donald Pleasence, Jameson Parker, Lisa Blount, Dennis Dun, Susan Blanchard
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport, Splendor Films
- Reprise: 12 avril 2023
- Box-office : 169 515 entrées France / 44 299 entrées P.P.
- Titre original : 1h42mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 20 avril 1988
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Résumé : À la demande d’un prêtre, un groupe de scientifiques vient étudier un mystérieux cylindre de verre enfermé dans la crypte d’une église de la banlieue de Los Angeles. Au cours de leurs recherches, les scientifiques comprennent qu’ils se trouvent devant un processus irréversible dont le but est l’avènement du Mal...
Critique : Après l’échec cuisant de Big Trouble in Little China (Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin) sorti en 1986 et distribué frileusement par la Fox, Carpenter signe un contrat de 3 films avec Alive Film (affiliée aux studios Universal) et retourne donc aux petites productions. Carpenter ayant un penchant pour la physique quantique, il décide de s’atteler à une histoire traitant de l’antimatière, qui devient une représentation du Mal pur, un condensé du Diable qui devient non pas l’Antéchrist mais l’Anti-Dieu.
- © Splendor Films
Il imagine pour cela un secret détenu par un religieux qui échoit au père Loomis (Donald Pleasence). Ce lourd secret est en fait confiné dans la crypte d’une église de Los Angeles, à l’intérieur d’un cylindre. Un liquide verdâtre y est contenu, s’avérant être l’Anti-Dieu qui annihilera le monde, lorsqu’il pourra se libérer de sa prison vitrée. Mais cela sera découvert après que Loomis ait demandé à son ami le professeur Birack d’étudier cet étrange objet cylindrique inconnu de l’Église même. Birack réunira quelques-uns de ses plus brillants élèves pour se partager les tâches. Ceux-ci n’étant guère méfiants se verront possédés au fur et à mesure par ce liquide séminal maléfique, dont le but est de ramener Satan en personne pour déclencher l’Apocalypse. Un rêve commun (en fait un message envoyé du futur, soit 1999 par rapport à la datation de l’histoire) éveillera trop tard leurs soupçons quant à l’identité de cette menace antédiluvienne.
Pour mettre ceci en image, Carpenter prend le temps de révéler cette ascension du Mal par le biais de phénomènes étranges, touchant la population laissée à l’abandon par la sacro-sainte société capitaliste. Ainsi, les signes précurseurs proviennent des laissés-pour-compte, des sans-abris désespérés menés par un SDF à l’allure menaçante (Alice Cooper). Ainsi, la déliquescence de l’humanité servirait les desseins du mal à l’état pur, nous entraînant inexorablement vers une fin du monde proche. Le réalisateur distille le malaise grandissant avec une BO - composée par ses soins – lancinante et inoubliable.
Il enferme donc ses protagonistes dans l’église et punit lourdement ce qui tente de s’aventurer à l’extérieur. Les personnages sont donc eux aussi oubliés du reste du monde, comme si leurs destins étaient déjà scellés d’avance, en castant des acteurs sans grande renommée (si l’on excepte les regrettés Donald Pleasence et Victor Wong), ce qui sème le doute quant aux éventuels survivants.
- © Splendor Films
Le pessimisme règne donc sur ce long-métrage, et ce jusqu’à la scène finale ambiguë après que Catherine (Lisa Blount) se sacrifie en « plongeant » dans le miroir - en fait une porte dimensionnelle qui permettrait à Satan de se matérialiser sur Terre – que brise la seconde d’après le père Loomis. Et au spectateur de comprendre que cette pauvre femme restera à jamais bloquée de l’ « autre côté »… sauf si Brian Marsh (son amant et ami) franchit le Rubicon en passant à son tour la main dans le miroir… Mais là, Carpenter laisse libre cours à notre imagination, quant à savoir si l’amour pour une personne vaut le sacrifice de l’Humanité tout entière…
Ce film s’inscrit selon Carpenter lui-même dans une trilogie de l’Apocalypse, initié par le sublime The Thing en 1982, et achevée avec le Lovecraftien In The Mouth of Madness (L’Antre de la Folie) en 1994.
Malheureusement, le succès ne fut pas au rendez-vous au box-office américain. Ceci dit, Carpenter n’a jamais fait d’étincelle dans son propre pays (à part Halloween en 1978), il est plus apprécié en Europe et plus spécialement en France.
À noter les clins d’œil par le biais des noms de ses protagonistes :
– Loomis se réfère au docteur Loomis d’Halloween (d’ailleurs joué par Pleasence aussi) et lui-même inspiré de Sam Loomis, le fiancé de Marion Crane dans Psychose de sir Hitchcock !
– Franck Wyndham (John Wyndham étant un écrivain de S.F auteur de « Midwich Cuckoos », ayant servi de base pour le film Le Village des Damnés en 1960 et remaké en 1995 par… - John Carpenter !)
– Susan Cabot (Susan Cabot était une actrice de série B dans les années 50, et assassinée en 1986).
Aujourd’hui Prince des ténèbres est l’une des œuvres les plus méconnues de son auteur. À redécouvrir absolument.
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