Le 6 septembre 2022
Le long métrage de John Carpenter, comme le roman de Stephen King, oscille entre le film d’horreur et le film noir.
- Réalisateur : John Carpenter
- Acteurs : Harry Dean Stanton, Kelly Preston, Roberts Blossom, Robert Prosky, Keith Gordon, John Stockwell, Alexandra Paul
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Teen movie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Ciné Sorbonne (reprise)
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h51mn
- Date télé : 7 février 2024 23:05
- Chaîne : Paris Première
- Reprise: 7 septembre 2022
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 25 janvier 1984
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Résumé : Un jeune homme, nommé Arnie, victime de brimades de la part de ses camarades et infantilisé par ses parents, fait acquisition de la carcasse d’une Plymouth Fury rouge nommée Christine datant des années 1950. Il rénove de ses propres mains la voiture. Peu à peu, Arnie change sur le plan psychologique et sur le plan vestimentaire. Un lien mystérieux s’établit entre le jeune homme et Christine qui, douée de vie et possédée, trace derrière elle une route sanglante.
Critique : John Carpenter, spécialiste des films d’épouvante aux moyens limités, a déjà plusieurs opus à son actif quand il réalise Christine, en 1983. Il dispose alors d’un budget de dix millions de dollars.
Ce film a été gratifié de prestigieuses récompenses : le Saturn Awards 1984 et le Grand Prix du Festival international du film fantastique d’Avoriaz 1984.
Pour la mise en scène, John Carpenter a eu besoin de vingt-cinq exemplaires de la Plymouth Fury 1958. La quantité montre à quel point le rôle de la voiture est capital dans la construction du long métrage. La couleur de l’automobile est déjà connotée : le rouge rutilant symbolise tout à la fois le rouge à lèvres, la passion, mais aussi le sang, la violence, le lien au diabolique. Le rapport amoureux qui s’établit entre Arnie et sa voiture conduit ce dernier à adopter cette couleur pour son blouson de cuir. Par ailleurs, des scènes de violence sont suggérées, qui ne débouchent pas sur la profusion du sang : pas la peine d’en rajouter, puisque ce dernier est déjà présent à travers la teinte rutilante de la Plymouth Fury. L’hémoglobine n’apparaît véritablement que sur le corps d’Arnie, quand celui-ci est perforé dans le garage, mort d’une passion engendrée par la voiture, au sens propre comme figuré.
- © Carlotta Films
On peut s’interroger sur le nom "Christine", issu de "Christ" et qui vient contredire son lien avec le Diable, dont le nom n’est jamais évoqué mais qui apparaît de manière suggestive, à travers le blues et le rock’n’roll - considérées comme des musiques sacrilèges à leur naissance. La radio de l’automobile, comme une âme ou un cœur, émet des chansons de façon autonome, parmi lesquelles "Bad to the Bone" de George Thorogood, "Not Fade Away" de Buddy Holly, "Pledging My Love" de Johnny Ace, "We Belong Together" de Robert and Johnny, "Keep-a-Knockin" de Little Richard, "I Wonder Why" de Dion and the Belmonts, "Harlem Nocturne" de The Viscounts, "Little Bitty Pretty One" de Thurston Harris, "Rock and Roll Is Here to Stay" de Danny & The Juniors et "Bony Moronie" de Larry Williams.
La voiture est féminisée tout au long du film, grâce aux plans subjectifs utilisés par John Carpenter. Un élément fait l’objet d’une attention particulière : les phares, qui deviennent des yeux, et les ronronnements de moteur, associés à la colère ou la jalousie, envers toutes les personnes qui entravent la relation fusionnelle entre la voiture et son propriétaire. De plus, comme à son habitude pour tous ses films, John Carpenter compose un thème. Ici, Christine a le sien, qui l’accompagne lorsqu’elle attaque ses/les ennemis/d’Arnie. Le morceau Christine Attacks, réalisé avec Alan Howarth, inscrit l’action dans l’atmosphère des années 1980, alors que l’intrigue du film est censée se passer fin 1978, début 1979. À la mécanique, au sens propre, est associée la musique électronique qui génère le suspense et l’arrivée de la mort.
- © Carlotta Films
La scène de la reconstruction plan par plan de Christine, démolie par les camarades tortionnaires d’Arnie, a également son propre morceau, "Regenaration" : il marque l’apothéose de la puissance autonome de la voiture, l’acmé de son affirmation. La métamorphose gagne aussi le protagoniste qui se sépare de ses lunettes, adopte une coiffure gominée avec un début de banane, presque rock’n’roll, sans jamais l’être vraiment. Il devient grossier, s’affranchit de l’autorité parentale ("les parents tuent leurs enfants", affirme-t-il à son meilleur ami), mais ne deviendra jamais un vrai rebelle, parce qu’on se demande toujours si Arnie est le conducteur de Christine ou si c’est elle qui le conduit.
Le personnage effectue lui-même la réparation de sa voiture après l’achat, mais n’en est pas à l’origine quand elle a été démolie. On note aussi qu’Arnie ne parvient pas à concrétiser sexuellement avec sa petite amie, outre qu’il continue à subir les moqueries, voire à susciter l’inquiétude, puisqu’il nourrit une passion dévorante pour sa Plymouth Fury. Finalement, la métamorphose du jeune homme avorte, l’histoire lui refuse le statut d’un mythe à la James Dean : en fait, Arnie est manipulé, désavoué du début à la fin du film et son destin suscite le pathos, dans la mesure où sa trajectoire - digne des films noirs - le conduit à mourir, non pas en héros, mais en simple dommage collatéral, victime de la femme fatale qu’est Christine, surtout quand cette dernière tente de tuer sa petite amie dans le garage.
Ainsi, le film de John Carpenter, comme le roman de Stephen King, oscille entre le film d’horreur et le film noir.
Le test Blu-ray
- Copyright Carlotta, 2019
Une très belle restauration 4K, en coffret ultra collector, du film.
L’image et le son
Le son et l’image du film sont de grande qualité. Le CinémaScope renforce la netteté, la pureté, la vivacité et la puissance des couleurs, d’autant plus que le rouge a toute son importance dans la construction du film et colore, sur la jaquette du boîtier, le titre du film, le dessin de la voiture et le blouson d’Arnie. Au-delà, le coffret comporte les tons propres à un pulp des années 1950 et celles du fantastique.
- Copyright Carlotta, 2019
Les suppléments
Le Blu-ray bénéficie de nombreux bonus : l’un d’eux met en particulièrement en valeur la carrière du réalisateur John Carpenter, qui a reçu le Carrosse d’Or 2019 en France.
Le tout forme un véritable objet de collection, dans lequel Carlotta Films semble avoir déployé un maximum de moyens, afin de redonner tout son lustre à Christine, qui n’a pas forcément suscité l’enthousiasme à sa sortie en 1983. Sa réédition, à notre époque bourrée d’images de synthèse, est une leçon en matière d’effets spéciaux, qui s’accordent avec l’atmosphère du film.
Test DVD/Bluray
Sortie Blu-ray le 18/09/2019 Prix : 50,16 € ÉDITION UNIQUE 4K ULTRA HD TM + BLU-RAY TM + DVD + LIVRE 200 PAGES // LE FILM (NOUVELLE RESTAURATION 4K + HDR10* + DOLBY ATMOS**) // LES SUPPLEMENTS (EN HD)*** . COMMENTAIRE AUDIO DE JOHN CARPENTER ET KEITH GORDON (VOSTF) . MAKING-OF (48 mn) . 20 SCENES COUPEES (26 mn) . LE CARROSSE D’OR 2019 : CONVERSATION AVEC JOHN CARPENTER (74 mn) - EN EXCLUSIVITE SUR LE BLU-RAY DISC TM - . BANDE-ANNONCE TEASER . BANDE-ANNONCE ORIGINALE *uniquement disponible sur la version 4K Ultra HD TM **uniquement disponible en Version Originale sur les versions 4K Ultra HD TM et Blu-ray Disc TM ***en HD sur les versions 4K Ultra HD TM et Blu-ray Disc TM //UN LIVRE INEDIT DE 200 PAGES (INCLUS 50 PHOTOS D’ARCHIVES) "PLUS FURIEUSE QUE L’ENFER : LE TOURNAGE DE "CHRISTINE" ECRIT PAR LEE GAMBIN //UN VISUEL CREE PAR MAINGER ULTRA HD BLU-RAY -BD66 - HEVC - 2160/23.98p - Version Originale Dolby Atmos & DTS-HD Master Audio 2.0 / Version Française DTS-HD Master Audio 2.0 - Sous-Titres Français - Format 2.35 respecté - Couleurs - Durée du Film : 110 mn BLU-RAY - BD 50 - AVC - 1080/23.98p - Version Originale Dolby Atmos & DTS-HD Master Audio 2.0 / Version française DTS-HD Master Audio 2.0 - Sous-titres Français - Format 2.35 respecté - Couleurs - Durée du Film : 110 mn DVD - DVD 9 - 576/50i - Version Originale Dolby Digital 5.1 & 2.0 / Version Française Dolby Digital 2.0 - Sous-Titres Français - Format 2.35 respecté - 16/9 compatible 4/3 - Couleurs - Durée du film : 105 mn
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