Le 18 septembre 2024
À travers la description de cette redoutable PACES (Première Année Commune aux Études de Santé), le médecin Thomas Lilti devenu scénariste réalisateur rédige une ordonnance plus amicale que médicale et dénonce les aberrations d’un système éducatif déshumanisé et contre-productif.
- Réalisateur : Thomas Lilti
- Acteurs : Vincent Lacoste, William Lebghil, Alexandre Blazy, Michel Lerousseau, Darina Al Joundi
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h32mn
- Date télé : 18 septembre 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 12 septembre 2018
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Résumé : Antoine entame sa première année de médecine pour la troisième fois. Benjamin arrive directement du lycée, mais il réalise rapidement que cette année ne sera pas une promenade de santé. Dans un environnement compétitif violent, avec des journées de cours ardues et des nuits dédiées aux révisions plutôt qu’à la fête, les deux étudiants devront s’acharner et trouver un juste équilibre entre les épreuves d’aujourd’hui et les espérances de demain.
Critique : Après avoir disséqué non sans humour les rouages de l’univers hospitalier grâce à Hippocrate en 2014, puis nous avoir promené deux ans plus tard au gré des territoires ruraux en manque de praticiens avec Médecin de campagne, voilà que le docteur Lilti nous invite à découvrir la fac de médecine et tout particulièrement le climat de violence et de compétition qui y règne, dénonçant au passage un système éducatif inégal. Pour ce faire, il suit le parcours d’un duo d’étudiants qui, s’ils ont en commun de devoir passer ce redoutable concours pour devenir médecin, n’ont ni le même parcours, ni les mêmes motivations. Car si l’ironie est moins mordante que dans Hippocrate, la dimension sociale demeure.
- Copyright Denis Manin - 31 juin Films
Benjamin (William Lebghil) a les codes. Fils de chirurgien, il connaît bien l’univers dans lequel il évolue. Il est capable de passer des nuits entières à ingurgiter par cœur des leçons qu’il recrachera avec la même facilité. Il n’est pas vraiment sûr de son désir d’embrasser la médecine. Il passe ce concours plus par habitude familiale que par réelle vocation, pendant qu’à côté de lui Antoine (Vincent Lacoste) triplant passionné et intelligent mais éloigné des facilités acquises grâce au milieu social peine à se fondre dans le moule. Ces différences notoires n’empêchent pas la naissance d’une amitié solidaire entre ces deux jeunes qui affrontent ensemble le stress, les nuits blanches, les doutes et la violence environnantes jusqu’à la rupture. Une fois encore, Lilti démontre sa capacité à dépeindre avec une belle dose d’humanité, entre rire et larmes, les travers d’un monde féroce. Il installe son récit, qu’il aurait pu transposer dans n’importe quel autre domaine où la compétition fait rage, dans le cadre médical qui lui est familier. Il mêle souvenirs personnels sans doute un peu dépassés et rencontres avec le personnel éducatif ou administratif et les étudiants d’aujourd’hui et nous emmène avec une précision quasi journalistique renforcée par un enthousiasme communicatif dans une histoire qui cavale entre suspense et fantaisie.
- Copyright Festival Angoulême 2018 - Claudine Levanneur
Au service d’une mise en scène classique mais alerte, la caméra nous invite à partager au plus près les amphis bondés où il faut jouer des coudes pour se trouver une place, la BU (Bibliothèque Universitaire) où l’on révise jusqu’au petit matin, la froideur des immenses salles d’examen, l’ambiance fébrile des résultats sans oublier de faire un détour rapide mais significatif du côté de la famille de nos étudiants. Face à l’absence de vie sociale imposée par le rythme stakhanoviste auquel ils sont soumis (la seule once de lien social est maintenue par la rencontre fugace de Benjamin avec sa voisine de palier, une jeune Asiatique qui parle à peine français mais qui ne manque jamais de s’enquérir de son quotidien), la légitime inquiétude des uns face au dédain assumé des autres nous renseignent largement sur les différences culturelles et sociales des deux amis. Le ton bienveillant et jamais moralisateur autour d’un sujet qui aurait facilement pu susciter de la hargne laisse toute latitude à chacun de s’approprier (ou non) les points de vue des différents acteurs de cette tragi-comédie au réalisme affirmé.
- Copyright Denis Manin - 31 juin Films
Si la réussite de ce troisième long-métrage est solide et doit beaucoup au talent d’humaniste de son scénariste-réalisateur, elle provient aussi de l’évidente complicité de ses deux principaux comédiens, Vincent Lacoste qui ne cesse de faire muer son personnage d’adolescent pataud des Beaux gosses en valeur sûre du cinéma français et William Lebghil dont le charme et l’aisance parviennent à effacer sa prestation inaboutie dans Les mythos.
Si Première année reste avant tout un divertissement de bon aloi, force est de constater que l’appel à un peu de douceur dans un monde de brutes lancé par Thomas Lilti se pare de quelque teinte politique puisque tout récemment le gouvernement a décidé de se pencher sur une possible réforme de ce numerus clausus impitoyable.
- Copyright Le Pacte
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