Poussière T.2 - La chronique BD

Geoffroy Monde continue de se promener entre deux dimensions, à la fois pour décloisonner le genre fantastique et aussi pour alerter sur certaines urgences actuelles pas du tout fantastiques. Le combat du premier tome a fait place à la politique, à ses rouages militaires et insurrectionnels, à la manipulation et la science face à la magie du monde et des mondes, donnant un aspect et une narration beaucoup plus terre à terre, car les réponses affluent aussi vite dans ce second album qu’elles étaient venues dans le premier. Hiérarchies, pouvoirs, statuts des personnages, il reste de nombreuses interrogations, mais la plupart concernent désormais non plus le passé ou l’ordre établi mais bien le futur et le désordre à venir. Ce sera pour une troisième opus, qui s’annonce déjà attendu, car cette série a réussi un tour de force... fantastique.

Geoffroy Monde / Delcourt

En effet, le dessin ne s’est pas contenté d’aller dans le médiéval, le steampunk ou autre univers connu, il a choisi d’inventer, de puiser à des sources encore inconnues, s’inspirant bien entendu, mais en collant une couleur, ou plutôt des couleurs à une planète. Miroir de la Terre, pastelisée de bleu et de rose, Alta pourrait être agréable, elle l’est en tout cas au niveau visuel, s’il n’y avait les géants. Elle doit bien entendu renvoyer à la Terre, mais c’est un monde qui a ses propres fluides, ses propres énergies, qui ont tous une consistance décrite par le dessin, véritable charme de la série.

Geoffroy Monde / Delcourt

En mettant à plat le scénario, en restant cohérent au niveau du dessin, Poussière prend une dimension de série à suivre, et de projet qui pourrait bien aboutir à une fresque BD épique et humaniste.