Le 20 août 2019

- Auteur : Yann Moix
- Editeur : Grasset
- Festival : Rentrée littéraire 2019
Le nouveau récit de Yann Moix, Orléans, suscite déjà la polémique. Le narrateur y raconte en effet les maltraitances qu’il a subies dans son enfance. Le père de l’écrivain a réagi dans la presse.
Avis : Il n’est pas encore sorti qu’il crée déjà la polémique. Le nouveau livre de Yann Moix, Orléans, un roman autobiographique, évoque l’enfance d’un narrateur violenté par ses parents. Ce texte s’inscrit dans une tradition des livres de la maltraitance qui évoquent spontanément les figures de Jules Renard ou Hervé Bazin, pour ne citer qu’eux. L’auteur lui-même, en revendiquant l’usage d’un style plus classique que dans ses précédents ouvrages, crée une proximité immédiate avec ces deux auteurs, qui ont décrit sans détour les violences infligées par des adultes à des enfants. Mais il y a fort à parier que, enseveli par les enjeux d’une querelle familiale, dont un certain nombre de médias se délecteront en mode voyeuriste (Sept à huit, il y a quelques jours), le livre en tant qu’objet littéraire n’existera quasiment pas.
Ce phénomène, Moix lui-même l’alimente, à tort ou à raison, en s’épanchant publiquement sur une prime jeunesse traumatique, sans doute conscient qu’on le recevra volontiers dans des émissions doucereuses, faussement compassionnelles, où l’émotion est toujours lestée d’une valeur marchande, beaucoup plus que le contenu d’une phrase, le choix d’un mot, l’usage délibéré d’une syntaxe. Sans qu’il y ait à prescrire une bonne conduite à mener, on notera que souvent les affaires de famille, relatives à des célébrités, sont médiatiquement transformées en feuilletons, où les uns et les autres, interrogés à tour de rôle, se renvoient la balle pour le plus grand plaisir de ceux qui alimentent la polémique, mais écoutent l’oeil mouillé, espérant que le petit commerce lucratif ne mettra pas tout de suite la clef sous la porte.
Dans cette affaire, il ne faudrait sans doute pas découpler la forme du fond, en s’interrogeant sur l’écriture solennelle que privilégie l’auteur, lorsqu’il s’agit de décrire la souffrance et la vengeance qui rumine. Pourquoi ces phrases chargées d’adjectifs qualificatifs ? Pourquoi ces subjonctifs imparfaits empreints de la tradition littéraire pour dire la brutalité subie ? Pourquoi de tels décalages ?
Or, comme il se trouve que par leur dimension purement attractive, des sujets sociétaux auront toujours une préséance sur le geste artistique qui les transforme en œuvres, on doute que ces questions intéresseront la majorité des journalistes.