Pierre Lapin - la critique du film

Notre avis : Les aventures de Pierre Lapin ont déjà été adaptées pour le petit écran : une première série animée avait en effet vu le jour au début des années 1990, et une nouvelle série en images de synthèses – toujours en production et diffusée sur nos écrans – a pris le relais en 2012. En revanche, c’est bien la première fois que Pierre Lapin est adapté au cinéma. Et pour une première, l’on peut dire que c’est plutôt réussi. Car le film de Will Gluck n’est pas qu’une simple histoire de lapins parlants vivant des aventures dans le monde des humains. C’est aussi un petit conte moral sur le rapport de l’homme à l’animal, qui revisite avec originalité le triangle amoureux classique.

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Pierre est un jeune lapin vêtu d’une veste bleue, qui vit avec son cousin Jeannot et ses sœurs Trotsot, Flopsot et Queue-de-coton. Pierre aime beaucoup voler le jardin de Mr. McGregor, un vieux grincheux casanier qui ne supporte plus de voir les animaux de la campagne dévorer les légumes et les fruits de son potager… et raffole de la tourte au lapin. Pierre sait que la faim et la gourmandise ont mené ses parents à leur perte, mais il ne se montre pas prudent pour autant, manquant souvent de se faire capturer par le vilain monsieur. Heureusement, lui et les autres animaux peuvent compter sur le soutien de Bea, la jeune voisine de McGregor, artiste peintre ratée mais amie fidèle et amoureuse de la faune locale.
Oui, mais voilà, après le décès du vieux McGregor, son neveu Thomas, citadin pédant et psychorigide, concentré d’humour anglo-saxon, hérite de sa maison de campagne. Alors qu’il se rend sur place pour évaluer son prix afin de la vendre au plus offrant et repartir en ville, il tombe immédiatement sous le charme de Bea, qui le lui rend bien. C’est un coup terrible pour Pierre Lapin, jaloux de cet amour naissant. Une rivalité, improbable mais réjouissante, naît alors entre Thomas McGregor et le petit lapin.

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Ce type de rivalité entre être humain et animal avait jadis été traité en littérature par Colette, dans son roman La Chatte, où une jeune femme mariée ne supportait pas l’amour et la complicité qu’entretenait son mari avec son animal de compagnie. Bien évidemment, Pierre Lapin est beaucoup plus léger et amusant. Notre jeune héros et ses amis vont user de mille et un stratagèmes pour se débarrasser du nouvel arrivant, dans une suite de scènes cocasses et rythmées : numéro de funambule et de « bonneteau pots de fleurs » ; trafic du système électrique de la maison ; séquences d’espionnage dans lequel l’une des sœurs de Pierre tente de traduire, de manière très approximative, les conversations de Bea et Thomas en essayant de lire sur leurs lèvres ; duel et combat à mains nues entre Pierre et Thomas dans l’atelier de peinture de Bea…
On retrouve là la folie cinématographique des films qui mêlent cinéma d’animation et prises de vue réelles (Paddington et Ted…) ; celle des œuvres surréalistes de Wes Anderson (Moonrise Kingdom, Fantastic Mr. Fox, The Grand Budapest Hotel…). C’est réjouissant.

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Si Pierre Lapin est volontiers burlesque, c’est aussi un film plein de tendresse : un film où les animaux expriment leurs émotions avec leurs corps plutôt qu’avec les mots, où l’on se colle front contre front pour demander pardon et se dire que l’on s’aime. Même l’animation traditionnelle en deux dimensions se fait une petite place lorsque Pierre se remémore les bons moments passés avec ses parents.
Gros succès au box-office américain, il y a fort à parier que le film remettra le couvert à sa sortie en France, car il réunit tous les bons ingrédients qu’apprécie le public tricolore : le divertissement, le merveilleux, le comique, mais aussi de jolis moments d’émotions.