Heaven’s gate
Le 10 mai 2024
De Palma revisite le vrai paradis : celui du cinéma. Avec panache. L’un des films les plus célèbres du réalisateur.
- Réalisateur : Brian De Palma
- Acteurs : William Finley, Paul Williams, Jessica Harper
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Comédie musicale, Film culte
- Distributeur : Solaris Distribution
- Editeur vidéo : Opening
- Durée : 1h31mn
- Date télé : 27 juin 2024 22:20
- Chaîne : TCM Cinéma
- Reprise: 26 février 2014
- Date de sortie : 25 février 1975
- Festival : Festival de Cannes 2024
L'a vu
Veut le voir
– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, Cinéma de la Plage
Résumé : Swan, qui dirige le prestigieux label de rock Death Records, découvre la cantate que Winslow Leach a écrite, inspirée du personnage de Faust. Il vole la partition avant de tenter d’anéantir le compositeur. Mais celui-ci revient, et signe avec Swan un contrat par lequel il devra donner au producteur toutes ses créations...
Critique : Dans Paradise Regained, un des suppléments proposés dans ce luxueux coffret, De Palma raconte que le sujet de Phantom of the Paradise lui fut inspiré par une chanson des Beatles transformée en musique d’ascenseur. "Tu m’as donné ton or, j’en fais de la boue", aurait pu dire le poète. C’est peut-être d’une intention polémique qu’est né ce film culte, bizarre et drôle entre tous. Mais si le but était de dénoncer le monde cruel, vénal et destructeur de l’entertainment américain, le résultat de Phantom of the Paradise fut d’imposer Brian De Palma parmi la nouvelle cohorte des grands cinéastes américains (à venir : Blow out, Carrie, Furie, Snake Eyes, et autres...) et, rétrospectivement, de mettre en scène ses propres obsessions.<
- © Solaris Distribution
Car au-delà des références multiples et ironiques à quelques topos du vampirisme artistique - Faust et Le fantôme de l’opéra bien sûr, mais aussi pourquoi pas La peau de chagrin, Le portrait de Dorian Gray ou Frankenstein (quand un "beef" monumental sort de son cercueil sur scène pour électriser la foule) - c’est avant tout son propre vampirisme que De Palma met en scène. Celui qui lui fera emprunter à Hitchcock comme à Antonioni. Celui aussi qui fait de lui, plus que le contempteur des mœurs californiennes en ces temps de rock triomphant, un cinéaste, c’est-à-dire un homme du regard. Depuis ce film de 1974, tout dans le (bon) cinéma de De Palma est dans le jeu des regards, comme on dit si bien, ces regards qui viennent de toutes parts et furètent un peu partout - surtout là où ils ne devraient pas. Ce sera aussi le sujet, et la grande réussite, de Snake Eyes, qui n’est en fait qu’une seule et même scène dont il faut percer le secret. Le secret de Phantom of the Paradise - de Faust/Dorian Gray - est caché lui dans la bobine d’un film. Une fois la bande détruite, une fois le film brûlé, le mal s’arrêtera - et le cinéma avec lui...
- © Solaris Distribution
Dès lors les querelles peuvent s’engager pour déterminer si Phantom of the Paradise est un film d’horreur (non) ou un détournement ironique d’un certain cinéma d’horreur (plutôt), un opéra-rock (oui, mais pas seulement) ou une farce mi-sérieuse mi-amusée sur le goût du rock américain de l’époque pour les mises en scène vaguement sataniques et morbides (genre Kiss et tous ces trucs qui font plutôt rire maintenant), une critique d’un show-business qui règne sans partage (De Palma aurait souhaité tourné avec Bowie ou les Stones) ou un film "sur le cinéma" (à fond). Reste un film au rythme endiablé (!) qu’il faut revoir pour passer un moment très agréable et revenir à De Palma, qui revisite pour nous le vrai paradis : le cinéma.
Le(s) supplément(s) à ne pas manquer : Deux disques pour un seul film, une réalisation particulièrement soignée - deux bandes-annonces, le clip de Bob Sinclar revisitant le film mythique, l’interview d’une costumière qui explique la nouveauté du travail qui lui était demandé sur cette réalisation... mais surtout les interviews recueillies dans Paradise Regained où les acteurs et le cinéaste reviennent sur une idée et un tournage peu communs à l’époque. Passionnant.
Image et son : Tous les Dolby et stéréo possibles pour vous faire profiter au mieux des musiques variées et, pour certaines, délicieusement désuètes qui s’égrènent tout au long de Phantom of the Paradise. Une image impeccable. Le travail de remastérisation et de présentation de ce coffret a été particulièrement soigné.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.