Père et fille - La critique

Sous la comédie romantique neuneu, un film touchant sur la paternité, pas aussi honteux que prévu...

L’argument : À Manhattan, Ollie Trinke était un publiciste branché qui avait tout pour être heureux jusqu’à la mort soudaine de sa femme. Seul avec un bébé sur les bras, Ollie craque. Congédié sans cérémonie, le voilà obligé de s’éloigner de New York et d’aller loger chez son père, dans la banlieue du New Jersey où il avait passé toute sa jeunesse...

Notre avis : Si vous pensiez voir en Père et fille, une nouvelle niaiserie avec Ben et J-Lo calibrée pour pouffiasses à frange, vous avez tout faux puisque le personnage de ladite J-Lo décède au bout de dix minutes et que Ben se console dans les bras d’une amie-amante (Liv Tyler). Allez, rassurons les âmes les plus sensibles et les fans hardcore de Kevin Smith : Père et fille n’est pas le nanar annoncé, sans pour autant être une réussite.
Pas de Jay ni de Silent-Bob (Jay and Silent-Bob strike back était, sous la déferlante de gags hilarants, un adieu aux fans), mais un film d’une candeur souvent déconcertante, parfois divertissant, parfois moins, qui fonctionne en demi-teintes, aligne quelques bons mots, invite des potes cools (Matt Damon, Will Smith, Jason Biggs) et court-circuite les poncifs de la bonne grosse comédie romantique avec de la dynamite scato et égrillarde (un amour qui naît grâce à un questionnaire sur les films pornos et la fréquence des branlettes, vous connaissez des situations plus fleur bleue ?). Et, vu la catastrophe préméditée (sortie estivale, acteurs fadasses, canevas craignos), on échappe miraculeusement au pire.
Ensuite, Père et fille n’est pas non plus une comédie (même si, en apparence, ça y ressemble) mais un drame familial où un homme perd le goût de la vie suite au décès de sa femme et le retrouve au contact de sa fille. Un homme qui ne s’est pas toujours bien entendu avec son paternel et qui, en devenant père et veuf à son tour, va comprendre que ce n’est pas toujours facile d’élever un enfant seul. Un film touchant sur la paternité donc où le réalisateur, moins cynique que d’habitude, rend hommage à son père. Maintenant, ce n’est pas Big fish mais, en dépit de ses imperfections incontestables, Père et fille n’est pas aussi honteux que d’aucuns le prétendent.