Le 27 novembre 2022


- Scénariste : Kateri Lemmens>
- Dessinateur : Romain Renard
- Editeur : Les Impressions Nouvelles
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 10 novembre 2022
- Plus d'informations : Le site officiel de l’éditeur
Sensualité et indolence se mêlent dans ce roman graphique écrit à quatre mains sur une rencontre dans des paysages enneigés. Un livre à parcourir lors de longues soirées d’hiver.
Résumé : Des dessins entre chien et loup, aux couleurs de cet hiver rude du Québec. Une exploration poétique de cette saison qui nous revient, à travers la métaphore de l’aventure, de l’amour, de l’attente…Serait-ce ainsi une manière de passer l’hiver ?
- Crédits Romain Renard - Impressions Nouvelles
Critique : Ce roman graphique est d’abord un jeu sur les couleurs, les teintes de noir et de blanc qui, bien sûr, rappellent l’hiver, mais aussi la pénombre, l’obscurité., l’absence de lumière qui enveloppe les amants lors de leurs premiers moments partagés, le contraste des peaux blanches, la lumière qui s’éteint, le paysage tout blanc qui reflète même dans la nuit. Cette histoire se passe au Canada, dans des paysages infinis, où l’hiver est particulièrement marqué.
Les dessins représentent un corps de femme tel que l’œil pourrait le voir à la lumière d’une bougie. Il ne s’agit pas de montrer à outrance, mais de suggérer, d’apercevoir. Les illustrations sont quasiment floutées, pourtant parfaitement reconnaissables. Le grain paraît vieilli, afin de mieux illustrer le souvenir, ou peut-être par pudeur.
- Crédits Romain Renard - Impressions Nouvelles
Cette plongée dans l’intime est soulignée par les textes poétiques de Kateri Lemmens, dont les lignes sont courtes, comme pour économiser son souffle. Découpé en quatre chapitres, le texte se veut d’abord celui d’une résurrection lorsque l’hiver paraît, à contre-courant d’une hibernation logique. Ensuite, vient le rapport avec la nature, d’abord le blanc et l’horizon, puis les forêts. Enfin, le dernier chapitre constitue une ode à la lumière qui revient à l’effet Tyndall, un phénomène optique illustré entre autres par des rayons de soleil dans la brume. Ce découpage permet ainsi d’explorer les différentes facettes de cette saison par le truchement d’une femme qui ne craint pas l’isolement, dans l’indolence d’un jour en clair-obscur, partiellement révélé.
L’atmosphère n’en est pas sombre pour autant. Si le ton peut paraître un peu froid, il s’agit avant tout d’une chronique de la saison, avec certes ses rudesses, mais aussi une incitation à la vie contre le calme ou l’obscurité. La Nature est célébrée, telle une évidence de cette harmonie entre l’humanité et ce qui l’environne, dans sa majesté, parfois dans le défi.
Le fil rouge de cet ouvrage est sans aucun doute la poésie, les oxymores. Propice à la rêverie, l’œuvre parvient à emporter le lecteur dans les grandes plaines canadiennes, dans les paysages de l’hiver caractéristiques de cette région du monde. C’est un témoin d’une histoire d’amour entre un homme et une femme, entre elle et la Nature. Le désir d’être vivant se manifeste à travers toutes les illustrations, tous les textes, toute l’Histoire que le récit transmet, évoquant des « présences et des échos », fantômes bienveillants planant au-dessus de l’œuvre, avec des couleurs invariables, dans un blanc et noir en forme de totalité qui prend vie entre nos mains, au fil des pages.
- Crédits Impressions nouvelles
144 pages
24€