Le 21 juillet 2022


- Dessinateur : Sophia Glock
- Genre : Roman graphique
- Editeur : Casterman
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 17 août 2022
Un roman graphique sur une adolescente déracinée, entre quotidien ordinaire et faits extraordinaires.
Résumé : Sophia en est à son septième pays, sa cinquième meilleure amie à cause des déménagements à l’étranger de ses parents, dont elle ignore la profession. Au moment où sa grande sœur part elle pour une université américaine, elle sent des questions et des aspirations nouvelles se greffer en elle...
Critique : Être un adolescent normal, c’est déjà bien difficile, alors lorsque cette période de transition s’accompagne d’un sentiment d’incertitude quant à l’objet du déracinement, plus que l’exil puisque la famille de Sophia a choisi de vivre hors des États-Unis, ou encore d’une impossibilité de s’attacher à autrui, il y a forcément du dégât intérieur. Or, quoi de mieux que le roman graphique pour exprimer cette douleur psychologique diffuse ? Les pages créent un refuge contre ce sentiment de peine auquel on refuse de trop donner d’importance, comme si l’âge voulait que l’on soit heureux et insouciant de manière constante. Sophia Glock invite à suivre le fil de ses pensées, auquel on pourrait imaginer qu’il est difficile de s’identifier (une jeune fille de quatorze à seize ans, ballottée entre pays d’Amérique du Sud, entre sentiments d’amitié et d’amour, avide de fêtes et de reconnaissance sociale) mais pourtant on se laisse happer par les petites histoires de garçons, les révélations larvées un peu plus fortes comme une camarade peste probablement lesbienne, jusqu’aux péripéties plus inédites, comme une catastrophe naturelle qui paralyse le pays (et fera des milliers de morts) ou la situation professionnelle floue de parents silencieux.
© Casterman / Block
Côté dessin, la bichromie lilas et saumon impose un style très doux, avec des personnages dessinés d’une façon malicieusement simple, car les tons, points sombres sans une variation, semblent incarner un mal qui se terrerait au fond de chacun. Les décors sont assez anonymes, mais on se rend compte que l’héroïne et ses amies ont grandi au fur et à mesure des pages, que les parents ont vieilli, prouvant que ce style sait aussi évoluer, même s’il semble en apparence figé dans un temps et un espace unique, celui que voulait exprimer l’autrice.
© Casterman / Block
Roman graphique du non dit et du non lieu, Passeport évoque surtout l’adolescence avec une vérité, une fiabilité toujours juste, un élément fondamental du genre même, continuant cette désormais tradition.
312 pages – 24 €