Le 28 septembre 2020
Cette réflexion méta-romanesque, entre autobiographie et fiction, porte un regard plein d’une tendre ironie sur le monde littéraire et artistique parisien des années folles et celui des Trente Glorieuses.
- Reprise: 3 septembre 2020
- Auteur : Enrique Vila Matas
- Collection : Babel
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Autofiction, Roman
- Nationalité : Espagnole
- Traducteur : André Gabastou
- Titre original : París no se acaba nunca
- Date de sortie : 3 septembre 2004
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
Résumé : Lors d’une conférence évoquant l’ironie, l’auteur-narrateur revient sur ses jeunes années et sur sa vie parisienne d’alors. Il suit les traces de son maître à penser, Ernest Hemingway, tout en se gorgeant des conseils des illustres artistes qu’il côtoie en ces Trente Glorieuses, et des autres, moins connus mais non moins riches de remarques artistiques et littéraires. L’apprenti-écrivain rend hommage à celle qui fut sa cité des lumières (même si, d’après lui, elle n’arrive pas à la cheville de New-York où il n’est jamais allé) et propose une réflexion "tendre et malicieuse" sur les débuts d’un homme de lettres.
Critique : Dans ce qui semble être un recueil de brèves constitué à l’occasion d’un colloque sur l’ironie, Enrique Vila-Matas fait montre de tout son talent d’écrivain cynique, drôle et intellectuel. Mêlant ses souvenirs et ses fantasmes pour créer un narrateur désabusé, cependant curieux de tout, reflet trouble de lui-même, l’auteur espagnol se lance dans une réflexion méta-romanesque complexe, mais toujours légère, bien moins ampoulée et monotone que dans Cette brume insensée, son dernier roman. Point de monotonie ici, mais davantage d’anecdotes tendres et caustiques sur une époque révolue et sur l’écriture, sur la construction identitaire et romanesque, l’une dépendant étonnamment de l’autre. Son narrateur, un jeune et naïf apprenti-écrivain, découvre la vie dans les rues parisiennes, s’inspire des conseils littéraires de sa logeuse, qui n’est autre que Marguerite Duras, se gorge des avis de ses amis, tente de timides expériences sociales avec l’autre sexe pour mieux enrichir celui qu’il est – ou plutôt pour mieux se trouver et ainsi trouver sa voix littéraire. Depuis sa mansarde avec vue sur les toits, il rêve au passé, rêve aux verres bus et à boire et aux aventures qui l’attendent. Il flâne, entre la Tour Eiffel et la rue de Fleurus, encore empreinte des effluves artistiques émanant des réunions du 27. Gertrude Stein et ses disciples y échangeaient autour des innovations de leur temps et des lettres, de la peinture et de l’amour et le double de Vila-Matas s’imprègne de ces exhalaisons brillantes. Dans son esprit les années se mélangent, la temporalité abolit ses barrières, pour mieux laisser place à un discours intemporel et érudit sur la langue et le récit.
Borges et Beckett avoisinent les noms d’artistes méconnus ou oubliés, l’auteur-narrateur traçant sa voie pour mieux suivre les pas d’Hemingway, son maître à penser (à qui, comble pour un tel admirateur, il ne ressemble pas du tout, malgré ses efforts pour coller au style intellectuel parisien). Entre introspection, quête identitaire et recherche de la conformité, méditation ironique sur la culture et références culturelles multiples au service de cette pensée, ce livre inclassable brise tous les codes pour n’en faire qu’à sa tête et ainsi rendre hommage à la ville la plus singulière du monde, la ville qui est une fête éternelle – Paris.
Enrique Vila-Matas - Paris ne finit jamais
Actes Sud (Babel)
11.00 x 17.60 cm
288 pages
7.90 €
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Patrick 16 avril 2022
Paris ne finit jamais - Enrique Vila-Matas - critique du livre
Bonjour,
merci pour cette chronique bien écrite qui donne envie d’aller plus loin. Attiré par son titre, j’ai parcouru avec plaisir le livre chez mon libraire. Une recherche rapide m’a amené sur votre chronique qui a emporté l’adhésion. Outre quelques mots sur Georges Perec rapidement notés dans le livre. Merci encore.
Cécile Peronnet 4 mai 2022
Paris ne finit jamais - Enrique Vila-Matas - critique du livre
Merci à vous de ce passage et tant mieux si cette chronique a pu vous permettre de poursuivre votre flânerie parisienne aux côtés de Vila-Matas.