Paper girls T.2 - La chronique BD

Résumé
On avait laissé nos quatre livreuses de journaux aux prises des "ancêtres", ces mystérieux voyageurs temporels débarqués en pleine nuit d’Halloween 1988. Suite à l’explosion d’un vaisseau spatiale, elles sont projetées de 28 ans dans le futur. Séparée d’une des leurs, elles partent à sa recherche malgré les nombreux dangers qui les guettent. Elles pourront compter dans leur quête sur la version adulte de l’une d’entre elles, Erin, totalement chamboulée par cette rencontre.

Paper girls est à la BD ce que Stranger things est à la série TV : un savant mélange d’aventures adolescentes, de science-fiction et de nostalgie des années 80. Saupoudrez le tout d’hommages assumés à Spielberg et vous êtes en plein dans la tendance.
Le premier opus, très prometteur, ouvrait tant de pistes qu’on était en droit de se demander dans quelle direction partirait le récit. Mélangeant les voyages dans le temps, les extraterrestres, les dinosaures et les ninjas, cette saga en devenir attise sans conteste la curiosité.

Dans ce nouveau tome, on suit nos jeunes héroïnes tenter de se défendre tant bien que mal contre les mystérieuses forces à l’œuvre dans un conflit de générations millénaire. Le talentueux Brian K. Vaughan à qui l’on doit le génial Saga ou encore Y le dernier homme impose un rythme effréné. On se laisse ainsi aisément porter par les déambulations de notre bande de filles, submergées par les attaques successives d’oiseaux tueurs et de larves géantes. Le trait épuré de Chiang Cliff et les couleurs flashy de Matt Wilson donne parfaitement vie à cette rencontre d’univers dissonants : la bourgade de campagne américaine et les superbes visions de mondes futuristes.

On n’évite malheureusement pas les nombreux lieux communs des aventures de voyages dans le temps et les sempiternels dialogues adolescents sur la solidarité et l’amitié. Ce qui était frais dans le premier tome l’est un peu moins ici et comme les personnages on est parfois perdu dans ce récit un brin foutraque. Les nombreux placements de produits qui jalonnent grossièrement ce tome n’arrangent rien.

Heureusement, on est vite rattrapé par le talent de l’auteur quand il s’agit de construire des univers créatifs et on se laisse malgré tout embarquer. En espérant que ce qui semble être parti pour un récit au long cours ait été suffisamment écrit à l’avance pour ne pas tomber dans les facilités d’un mauvais feuilleton qui ne sait pas où il va. On retrouve justement dans Paper girls ce qui a fait le succès d’une autre série mythique, peut-être la première de l’âge d’or moderne des séries TV : la bien nommée LOST. Le mélange des genres, une urgence permanente, une liberté totale et un sens du retournement de situation (et de spectateur) hors du commun. Croisons les doigts pour que les prochains tomes ne s’orientent pas vers ce qui mena par la suite la série de J.J. Abrams au fiasco.

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