Le 18 septembre 2012
Fantaisiste et ludique, cette comédie musicale "jazzy" jette un regard parfois cruel, mais enchanteur, sur le difficile apprentissage de l’amour.
- Réalisateur : Jean Negulesco
- Acteurs : Leslie Caron, Fred Astaire
- Genre : Comédie musicale
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Filmedia
- Durée : 2h06mn
- Titre original : Daddy long legs
- Date de sortie : 30 septembre 1955
L'a vu
Veut le voir
– Date de sortie DVD : 19 septembre 2012
Fantaisiste et ludique, cette comédie musicale "jazzy" jette un regard parfois cruel, mais enchanteur, sur le difficile apprentissage de l’amour.
L’argument : De passage en France, Jarvis Pendleton, industriel fortuné vivant aux Etats-Unis, voit une jeune fille de 18 ans dans un orphelinat dont il tombe directement amoureux. Ne pouvant lui déclarer son amour du fait de leur différence d’âge, il se contente d’être son mécène, lui permettant ainsi de suivre ses études en Nouvelle Angleterre. Trois ans plus tard, ils se rencontrent, mais Jarvis se garde bien de lui dire qu’il est son bienfaiteur.
Notre avis : Daddy long legs : c’est ainsi que l’on désigne en anglais les faucheux aux longues pattes recourbées. Mot que choisit un jeune orphelin pour décrire à Julie l’homme dont il a aperçu l’ombre et qu’il croit être son bienfaiteur, dont l’identité est encore un mystère. Mais le titre est équivoque, et il renvoie tout aussi bien à la manière "paternelle" dont Jarvis va assumer à ses frais les études de Julie. D’une certaine manière, le récit tout entier se construit autour d’un refoulement : à défaut d’avoir pu déclarer son amour à la jeune fille, le richissime industriel reporte son affection sur la mise en place d’un dispositif épistolaire. Du côté de Julie, l’échange ludique devient prétexte à fantasmes : d’où les situations merveilleuses, le registre ouvertement amoureux des lettres et les numéros de danse imaginés par Julie/Leslie Caron, au cours desquels les deux personnages sont projetés dans un univers construit de toutes pièces. Le tout, bien entendu, appuyé par une logique d’"éducation sociale", dans la veine de Pygmalion. La découverte de l’université est, de ce point de vue, l’un des moments-clés du film (confrontation au réel, violence feutrée du premier échange avec les étudiantes). C’est un peu comme si se rejouait Cendrillon, mais sans marâtre (au contraire : la propriétaire de l’orphelinat est le cliché de la bonne française philanthrope) et avec davantage de « subversion » - le terme est un peu fort, dans la mesure où le film met de côté l’intrigue sentimentale pour se concentrer sur le quotidien de Julie ; toutefois, l’innocence de l’ensemble est peut-être un leurre, et il n’est pas anodin que plusieurs séquences viennent "rappeler à l’ordre" le personnage de Jarvis, très enclin à oublier la différence d’âge qui le sépare de sa bien-aimée.
Il se pourrait donc bien que ce conte musical dissimule une réflexion plus amère, et d’autant plus émouvante, sur l’usure du temps et l’infranchissable barrière des générations. Quoiqu’il en soit, il demeure un enchantement : Leslie Caron et Fred Astaire forment un couple tout à fait singulier, les numéros de danse sont un pur régal, et le charme désuet des scènes situées à l’Université opère d’autant plus que celles-ci condensent tous les "clichés" du genre. Une petite merveille dont on ne parle pas assez. Et qui plus est, disponible dans une édition à la hauteur de son rythme jazzy.
Les suppléments :
Filmedia a choisi de mettre le jazz à l’honneur à travers deux retransmissions d’émissions radio. La première, en deux parties, est consacrée à Fred Astaire (passionnantes interventions des invités). L’autre consiste en un bref entretien avec Leslie Caron, qui évoque avec des étoiles dans la voix sa rencontre avec le danseur. Quantité d’infos en tous genres, pour les initiés comme pour les moins avertis. Ces bonus donnent au film une coloration singulière, en le replaçant dans son contexte culturel et dans le "climat" artistique de l’époque.
L’image :
De flamboyantes couleurs. On se croit parfois chez Demy. Le format 2:35 (16/9 mais compatible 4/3) passe très bien sur le petit écran.
Le son :
Papa Longues-Jambes n’est pas seulement musical dans ses numéros de chant et de danse : c’est un film rythmé de bout en bout, où le moindre geste quotidien est chorégraphié. Il méritait donc un traitement sonore qui mette non seulement en avant sa richesse musicale, mais également la précision des timbres de voix et des bruitages. C’est chose faite avec cette édition : nos oreilles swinguent et le changement d’ambiance s’effectue sans aucun accrochage. On recommande bien entendu la stéréo et la VOST (même si une partie du film se déroule en France).
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.