Le 28 novembre 2014
La Mousson est un vrai mélodrame classique, exotique, servi par une mise en scène souvent élégante.
- Réalisateur : Jean Negulesco
- Acteurs : Richard Burton, Lana Turner, Michael Rennie, Fred MacMurray, Joan Caulfield
- Genre : Mélodrame
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h40mn
- Titre original : The Rains of Ranchipur
- Date de sortie : 22 août 1956
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– Sortie DVD : le 10 décembre 2014
On retrouve l’opulence, le luxe des grands mélodrames hollywoodiens, avec grands sentiments et violence des éléments.
L’argument : En Inde, dans les années 30. Le quotidien, ennuyeux et mesquin, d’une colonie d’européens installés à Ranchipur est perturbé par l’arrivée de Lord et Lady Esqueth. Lui est grossier, brutal et immensément riche. Elle est belle, racée, mais précédée d’une réputation sulfureuse. Lors d’une soirée, Lady Esqueth fait la connaissance du major Rama Safti, chirurgien hindou et homme séduisant qui a étudié en Angleterre. La mousson éclate, d’une rare violence. Lors de la catastrophe qui en résulte, les caractères se révèlent.
Notre avis : La Mousson est le remake d’un film de Clarence Brown (1939), ce qui n’avait rien d’exceptionnel dans les années 50 et l’on se souvient des mélodrames de Douglas Sirk, qui reprenaient les sujets de John Stahl (Imitation of Life, Magnificent Obsession). Il s’agissait pour Hollywood de reconquérir les téléspectateurs en leur offrant des histoires éprouvées, magnifiées par la couleur et le cinémascope. Offrir à Jean Negulesco ce scénario très charpenté n’avait rien non plus d’incongru : le réalisateur de Le Masque de Dimitrios, solide artisan que la postérité a négligé, savait s’adapter à tous les genres et il n’avait pas encore sombré dans la médiocrité de ses derniers films.
Tout était donc réuni pour faire de La Mousson un de ces mélodrames flamboyants qui ont porté Sirk au pinacle, avec grands sentiments et, en plus, catastrophe naturelle et donc spectaculaire. Bien sûr, pour apprécier le film, il faut passer sur des
conventions courantes à l’époque : clichés sur l’Inde, colonialisme paternaliste, Richard Burton grimé en Indien, et quelques effets spéciaux au mieux naïfs (les transparences en particuliers sont épouvantables). Mais à qui sait regarder, Negulesco offre des séquences d’une richesse et d’une maîtrise réjouissantes. Prenons, presque au hasard, une séquence située au début du film : Lana Turner et Michael Rennie sont dans un train, et la conversation badine vire au règlement de comptes. Le cinéaste choisit un plan-séquence et refuse le gros plan : tout passera donc par les déplacements dans le cadre et les regards des acteurs, magnifiquement dirigés. Cette scène, dans sa composition et sa rigueur, représente ce que Hollywood faisait de mieux, avec son éclairage opulent, sa richesse de détails. Certes, tout n’est pas de la même eau : les dialogues sont parfois lourds et sentencieux (mais la scène entre Turner et Burton devant les tableaux, pleine de sous-entendus, est d’une tension sexuelle remarquable), la musique superflue et Lana Turner est plus convaincante en croqueuse d’hommes froide qu’en amoureuse déchirée. D’une manière générale, la première partie correspond davantage à nos goûts actuels : mépris des époux, attirance sexuelle nous parlent autrement plus que l’écartèlement entre sens du devoir et sentiment. Quant à la crue, elle garde son aspect spectaculaire, malgré l’usage de maquettes trop visible aujourd’hui.
Voir ou revoir La Mousson, c’est accepter de replonger dans un scénario carré, avec les classiques prétéritions (Michael Rennie dit à Lana Turner : « Vous ne pouvez pas souffrir », ce qu’évidemment tout le film s’emploie à contredire), les parallèles (Burton sauve la femme d’un serpent et le mari d’un tigre). C’est aussi le délice d’une image somptueuse à la profondeur de champ travaillée, aux éclairages savants. C’est encore le bonheur de savourer des numéros d’acteurs, de la vedette au plus petit rôle, tous au service d’un mélodrame qui brasse de grands thèmes sans qu’un second degré ne vienne gâcher notre plaisir de cinéphile nostalgique. Pour peu, c’est la limite du film, qu’on ne le compare pas aux chefs-d’œuvre "indiens" de Fritz Lang, que sont Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou.
LE TEST DVD
Les suppléments :
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C’est le principe de la collection : pas le plus petit bonus.
L’image :
La copie n’est pas restaurée, mais, malgré quelques faiblesses (en particulier des fourmillements et quelques points blancs), elle conserve tous les attraits d’une image riche, parfois somptueuse.
Le son :
Ici encore, malgré l’absence de restauration, la piste mono est satisfaisante : bruitages très présents, dialogues un peu sourds mais parfaitement audibles. La musique manque de finesse par rapport à nos critères actuels, mais au vu de l’âge du film, on ne peut espérer mieux. La version française est légèrement en retrait.
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