Le 24 octobre 2021
Un port d’Espagne : deux corps sont retrouvés dans des filets de pêcheurs. Albert Lewin sublime Ava Gardner dans un film esthétique et brillant.


- Réalisateur : Albert Lewin
- Acteurs : Ava Gardner, James Mason, Nigel Patrick, Sheila Sim, Harold Warrender
- Genre : Fantastique, Romance
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 2h02mn
- Date télé : 17 décembre 2020 23:20
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 27 octobre 2021
- Titre original : Pandora and the Flying Dutchman
- Date de sortie : 19 septembre 1951

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Résumé : 1930, à Esperenza, un port d’Espagne. Des pêcheurs qui rentrent découvrent deux corps sans vie dans leurs filets. Geoffroy Fielding (Harold Warrender), un archéologue reconnaît Pandora Reynolds (Ava Gardner) et de Hendrick Van der Zee (James Mason). Quelques mois avant, Pandora, chanteuse américaine, est courtisée par plusieurs hommes, Geoffroy, mais aussi Reggie Desmarest (Maruis Goring) un riche oisif ou encore Stephen Cameron (Nigel Patrick), un champion automobile.
Critique : Albert Lewin (1894-1968), fut d’abord universitaire, puis travailla après la Première Guerre mondiale dans le cinéma auprès de Samuel Goldwin, avant de bifurquer vers la production avec Irving Thalberg. Il se lancera ensuite dans la mise en scène, pour seulement six films.
Pandora est le plus célèbre d’entre eux. Esthète, le cinéaste convoque ici plusieurs thèmes artistiques : la mythologie grecque, les légendes nordiques, l’art moderne ou encore l’univers de la Génération Perdue, qu’il mélange savamment dans une histoire aux allures de mélodrame flamboyant. Au centre de ce récit, qui emprunte également au fantastique, Ava Gardner irradie dans un rôle de femme fatale et inaccessible au commun des mortels. D’une douceur distante, elle s’étonne des passions qu’elle suscite autour d’elle et des folies que les hommes sont prêts à faire pour la séduire. C’est le Hollandais vivant seul sur son bateau, qui va l’intriguer, car il est le seul à ne pas chercher à l’épater.
Le cinéaste a réussi à établir un subtil équilibre permettant de produire une œuvre unique, inclassable et au final intemporelle, qui, avec un autre, n’aurait été qu’un mélange de genres pompeux et ridicule.
Plusieurs cadrages sont inhabituels et osés dans une production dite classique : plans à quarante-cinq degrés, objets placés au premier plan, laissant l’action se dérouler en arrière... rappelant certaines peintures surréalistes.
Si l’ensemble des acteurs ne démérite pas, James Mason en tête, c’est Ava Gardner, sublime et sublimée par la caméra subjuguée du cinéaste, qui marque le film. La lumière de Jack Cardiff, les costumes de Beatrice Dawson et Julia Squire participent contribuent amplement à faire de Pandora un personnage quasi irréel. C’est avec La comtesse aux pieds nus ("The Barefoot Contessa" 1954) de Joseph L. Mankiewicz, un autre esthète, le meilleur rôle de la carrière de l’actrice.
Un chef-d’œuvre sophistiqué et génialement inclassable !