Our Summer Holiday : la chronique BD

Ce shônen des éditions Tonkam Delcourt présente un savant et parfait mélange d’une ribambelle d’émotions : joie, tristesse, nostalgie, un peu d’horreur et beaucoup d’empathie. C’est un fait, Our Summer Holiday fait passer le lecteur par tous les états, dans le bon sens du terme. Cette montagne russe émotionnelle est avant tout l’histoire d’une parenthèse, celle des vacances d’été, qui va impliquer pour des enfants beaucoup de responsabilités. Elle raconte le drame des enfants qui en viennent à remplacer leurs parents dans leur rôle, et qui doivent se débrouiller par eux-mêmes au cœur de notre société. Le réalisme des actes, des sentiments et des dialogues est saisissant, d’autant que la narration alterne quelque fois entre le héros garçon et la fille qu’il rencontre. Ce one-shot, à la fois long et très court, est à l’image des deux mois de vacances d’été, que l’absence de figures paternelles fait ralentir, presque arrêter, l’histoire s’étalant entre la fin de l’année scolaire et la rentrée, qui sont éludées, accélérées, pour ne se concentrer que sur le trio d’enfants. Le football, qui semblait central au début, n’est qu’un prétexte, une toile de fond un peu superficielle, qui n’occupe pas vraiment l’espace narratif, au profit des journées et du quotidien bien plus profonds.

© Delcourt

Côté dessin, la timidité est parfaitement exprimée par des traits enfantins réussis, mignons et sérieux à la fois, très attachants et même parfois déroutants. En dépit d’une ou deux surprises dans l’histoire, l’ensemble est concret, quasi réel, digne d’un fait divers que l’on pourrait trouver dans un journal local. Le dessin sans fard ni paillettes, sans mimiques kawaï ou grandes scènes d’actions, permet ainsi de s’imprégner véritablement de cette ambiance douce et triste, comme un joli morceau de musique terriblement mélancolique, un « Mad World » de Gary Jules par exemple...

© Delcourt

Époustouflant de sensibilité, Our Summer Holiday est un manga que beaucoup devraient lire, tant il fait connaître une pluralité d’émotions à son lecteur et donne à voir des âmes belles et pures. Kaori Ozaki a réussi à transcrire une histoire simple mais qui touche tout le monde, une prouesse qui n’est pas donnée à tout le monde.