Samouraïs d’opérette
Le 31 décembre 2011
L’association de l’univers du jidaigeki et de la comédie musicale à la Bubsy Berkeley produit un mélange des plus réjouissants où ne manque pas une touche de pathétique bienvenue. Un des premiers grands rôles de Takashi Shimura.
- Réalisateur : Masahiro Makino
- Acteurs : Takashi Shimura, Haruyo Ichikawa, Chiezo Kataoka
- Genre : Comédie musicale
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h10mn
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– Sortie au Japon : 14 décembre 1939
L’association de l’univers du jidaigeki et de la comédie musicale à la Bubsy Berkeley produit un mélange des plus réjouissants où ne manque pas une touche de pathétique bienvenue. Un des premiers grands rôles de Takashi Shimura.
L’argument : Le samouraï Kyosai Shimura vit modestement avec sa fille Oharu. Une mauvaise farce le verra un jour contraint de vendre celle-ci à un prétendant local, ce qui le pousse à fuir avec elle.
Notre avis : La comédie musicale n’est certainement pas le genre qu’un spectateur occidental, même initié, associe le plus spontanément au cinéma japonais et voir, dès l’ouverture de Oshidori utagassen (titre anglais Singing love birds), des jeunes gens en costume traditionnel entonner une entraînante mélodie en esquissant des pas de danse dans une ambiance digne des Demoiselles de Rochefort en surprendra plus d’un.
Sans viser à l’extravagance kitsch d’un Seijun Suzuki (Operetta tanuki goten) le film juxtapose allègrement les éléments les plus apparemment disparates : farce débridée, marivaudage, chorégraphies à la Bubsy Berkeley, scène de combat réglée comme un ballet. Ce côté joyeusement fourre-tout semble être dû en partie aux circonstances du tournage, une appendicite de la vedette Chiezo Kataoka ayant entraîné un remaniement complet du script en dernière minute.
Oshidori Utagassen
Le personnage du rônin Reisaburo, interprété par Kataoka, n’est du coup plus au centre d’une action chorale s’organisant autour de la figure cocasse et attachante du samouraï appauvri Kyosai Shimura qui dépense tous les maigres revenus de son commerce de teinture d’ombrelles pour acheter des antiquités à l’authenticité plus que douteuse, allant même, dans son aveuglement naïf, jusqu’à compromettre imprudemment le bonheur de sa fille.
Takashi Shimura, qui interprète à 34 ans ce rôle d’homme mûr, réussit à rendre drôle et pathétique son personnage se rendant compte qu’il a été berné lorsque l’antiquaire lui propose de racheter pour une bouchée de pain la camelote qu’il lui a auparavant vendue à prix d’or.
La séquence, au bord du tragique, apporte une touche de gravité bienvenue à un film marqué aussi par moments du sceau d’un dérisoire à la Yamanaka (le final, lorsque Oharu brise volontairement le seul vase de valeur découvert parmi les faux trésors de son père).
Oshidori Utagassen
Oshidori Utagassen
La photo du grand Kazuo Miyagawa est d’une splendeur que le piètre état des copies subsistantes permet tout juste de deviner et la mise en scène alerte de Masahiro Makino, toute en amples mouvements de caméra, sait superbement organiser les déplacements des personnages et faire frémir l’espace autour d’eux malgré les décors de studio.
Cette authentique curiosité témoigne du talent de ce cinéaste qui, fils du pionnier Shōzō Makino, commença sa carrière à dix-huit ans et aborda les genres les plus divers au gré d’une filmographie pléthorique (260 films entre 1926 et 1972 !) qui recèle, n’en doutons pas, bien d’autres pépites.
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