Le 21 septembre 2018
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Alors que qualitativement, la production française a été d’une grande médiocrité en 2018, la commission chargée de sélectionner un film pour représenter la France aux Oscars, a finalement opté pour une petite production au charme certain, mais au potentiel minime... Retour sur une année médiocre.
Le point : Après avoir préselectionné cinq films qui avaient un petit potentiel pour l’Oscar du Meilleur Film en langue étrangère, la commission chargée d’extirper le titre miracle pour concourir dans la catégorie sollicitée par toutes les nations de la planète a enfin choisi. Exit le radical Climax de Gaspar Noé, le documentaire testamentaire de Claude Lanzmann, Les Quatres Sœurs, le thriller brillant (mais premier film), Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand, ou le pertinent Mademoiselle de Joncquières de Mouret, qui avait peu de chance de séduire les USA : c’est finalement un titre à la notoriété réduite, La Douleur, d’Emmanuel Finkiel, qui a été retenu. Petit film d’auteur au succès certain au vu de son budget relativement bas (330 466 entrées), le drame historique et autobiographique, d’après Marguerite Duras, avec Mélanie Thierry et Benoît Magimel, pourrait n’avoir que peu de chances d’être sélectionné par l’Académie des Oscars, peu amatrice de cinéma français, à en voir le désintérêt constant pour le meilleur de notre cinéma. Evidemment, il a encore moins de possibilités de l’emporter, au vu du brio des œuvres internationales, qu’elles soient italiennes, mexicaines, sud-coréennes, chinoises, russes ou sud-américaines, dans les festivals. On pense à Cuaron, Pawel Pawlikowski, Hirokazu Kore-eda, Garrone, Lee Chang-dong, Sergey Dvortsevoy, Yórgos Lánthimos, Mike Leigh ou encore László Nemes.
En panne de grandes productions universelles, de drames bouleversants qui pourraient susciter l’empathie des spectateurs, le cinéma français est devenu l’ombre de lui-même sur un plan qualitatif, les distributeurs comme UGC mettant l’accent essentiellement sur les comédies pour favoriser un système commercial rodé : Les Tuche 3, La Ch’tite Famille, Taxi 5, Tout le monde debout, Belle et Sébastien 3, Neuilly sa mère, sa mère !, Larguées, Le Retour du héros, Ma Reum, Les Vieux Fourneaux, Love addict, Brillantissime, Normandie nue, Les Municipaux ces héros et La finale sont les productions françaises qui ont réalisé le plus grand nombre d’entrées sur notre territoire. Pas de grands auteurs au sommet : exit les Téchiné, Miller, Tavernier, Polanski, Blier, Louis Malle, Jean-Jacques Annaud, Beineix, Leconte, Berri, Besson, Rappeneau et même Veber, à l’époque de ses grandes comédies.
Les sélectionneurs français ont donc dû chercher parmi les petites productions hexagonales, ce qui n’est pas un mal en soi, face aux productions internationales qui proposeront le meilleur de leur petit cinéma, mais quel cinéma !
Après la déroute de Cannes 2018, les Oscars pourraient une fois de plus snober la production française, à moins qu’Audiard et son formidable Les Frères Sisters parviennent à changer la donne à un autre niveau, celui des meilleurs films en langue anglaise. Toutefois, celui-ci n’apparaît pas systématiquement dans la shortlist des pronostiqueurs.
Dans tous les cas, une certitude, un auteur francophone ne se retrouvera pas sélectionné... Xavier Dolan dont le dernier long, son premier en langue anglaise, Ma vie avec John F. Donovan, a été accueilli très froidement en Amérique du Nord. Au moins, la critique française a largement accueilli favorablement La Douleur, comme le démontre la revue de presse d’Allociné, ce qui lui permet de garder ses chances.
LA DOULEUR
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