Le 9 août 2018
- Festival : Les Oscars 2019
Avec la création d’un Oscar pour le Meilleur Film Populaire, l’Académie répond-elle aux exigences de la chaîne ABC, qui appartient au groupe Disney ?
Après les piteuses évolutions des Oscars ces dernières années pour être davantage inclusifs, en multipliant le nombre de nominations pour le Meilleur Film à 10, c’est-à-dire au-delà du raisonnable, le public s’est désolidarisé de la cérémonie, en fuyant un programme devenu obsolète car trop long et non représentatif de ses goûts. Les récompenses octroyées à des œuvres exigeantes comme Moonlight ou La Forme de l’eau se voyaient autrefois dispensées lors de festivals, comme Sundance, mais les Oscars ont essayé d’effacer les frontières, y compris avec le cinéma de genre représenté par Get out, en 2017, pour des raisons essentiellement d’équilibre ethnique, car en fait, l’excellent Get Out n’avait vraiment rien d’un Meilleur film annuel tout court.
En 2019, les choses évolueront de façon encore plus radicale pour répondre à l’audimat de 2018 qui a dévissé de plus de 17% en un an. Selon Variety et Indiewire, la chaîne ABC, qui accueille le show, a réclamé un show plus pertinent, qui parlerait davantage à la jeunesse qui, elle, a totalement décroché. ABC désire forcément une soirée plus courte (la dernière cérémonie frôlait les quatre heures de récompenses, discours, blagues et numéros musicaux), et surtout ABC a ouvertement poussé à la création d’une nouvelle statuette pour récompenser le Meilleur Blockbuster de l’année, et ainsi retrouver la ferveur du public, qui se sent rejeté par l’élitisme des votants. La fameuse paranoïa d’une Amérique bipolaire.
La nécessité d’évolution intervient alors que Netflix capitalise toutes les attentions, que l’affluence des salles est en baisse constante et que les spectacles adultes, prompts à être sélectionnés aux Oscars, sortent essentiellement les quatre derniers mois avant les Oscars, pour ne pas être oubliés par ces croulants de votants forcément amnésiques sur ce qui s’est passé durant l’année.
En résumé, l’année cinéma américaine, c’est donc essentiellement 8 mois de moindres films qui n’ont pas la capacité de répondre aux canons de l’Académie ou 8 mois de divertissements purs, l’essentiel était polarisé par les succès monstrueux des films Disney/Marvel/Pixar/Star Wars (et prochainement Twentieth Century Fox) qui multiplient les records de recettes. Cela tombe bien : ABC appartenant à Disney, il est évident que la rencontre entre les pontes de a chaîne et les garants des Oscars avaient également pour but de promouvoir les films maison, notamment Black Panther (700M$ au box-office domestique), Avengers : infinity War (680M$) et Les Indestructibles 2 (bientôt 600M$). Si cela ne nous évoque pas l’opération de Dany Boon, omniprésent aux César en 2018 pour venir récupérer une récompense pour Raid Dingue, film français ayant eu le plus d’entrées en 2017... Et loin d’être la meilleure comédie de l’année, désolé, Dany...
Le résultat des négociations, qui reste à être défini plus clairement par l’Académie, donnera dès février 2019, naissance à l’Oscar du Meilleur Film Populaire, un show plus court d’une heure et surtout une diffusion déplacée en amont de trois semaines pour éviter la saturation du public, avec toutes ces cérémonies. Oui, les Oscars auront donc lieu avant les César, désormais, c’est officiel.
Alors que le festival de Cannes a été sommé de revoir sa copie, après un cru 2018 décevant, victime de la défection de nombreux films d’auteur qui ont préféré migrer vers Venise et Toronto, dans le seul but de pouvoir sortir au plus près des Oscars et d’être ainsi plus facilement sélectionnables, la révolution qu’impose l’ultra mobilité du cinéma sur les habitudes des consommateurs n’a pas encore fini de définir le panorama actuel du cinéma. Et comment est-ce qu’il pourrait l’être ? C’est en 2019 que Disney lancera la plateforme concurrente à Netflix, avec ses propres fictions, notamment exclusives pour les écrans alternatifs au cinéma.
Pour revenir sur la révolution Netflix, pourvoyeur à ce jour de quelques uns des pires DTV de l’année, au passage tous ultra consommés (sic), nous vous renvoyons à notre article sur l’impact culturel des révolutions technologiques du 7e Art.
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