Orbital T.7 . Implosion - La chronique BD

La série Orbital en est déjà à son septième volume. Ce n’est pas à proprement une nouvelle mission pour Caleb et Mézoké, qui travaillent désormais dans la clandestinité. Mais la menace des Névronomes qui pèse sur la confédération va rapidement les propulser sur le devant de la scène politique de toutes les galaxies, jusqu’à un rapprochement intense. L’action repart de plus belle sur différentes planètes, avec en ligne de mire Tatsuam, cité du crime intergalactique. La thématique du conflit, de l’attentat et des alliances politiques est bien ancrée dans l’actualité, et comme d’habitude les récits de science-fiction ont cette particularité d’avertir les contemporains des dangers qui les guettent, en mettant en scène des aventures décisives et spatiales pour évoquer les soubresauts de leur époque. La saga de Runberg et Pellé a su concrètement tirer avantage de cette ambiance. Les trames des albums sont toujours claires, les péripéties soigneusement découpées et les psychologies des personnages finement présentées. Les deux héros, rejoints par la sœur pirate de Caleb, ont ainsi évolué depuis le premier tome. Leurs réactions sont différentes, des traumatismes sont apparus, leurs compagnons ne sont plus les mêmes. Cette capacité à changer est un atout pour ne pas tomber dans les mêmes aventures d’un épisode après l’autre. En cela Implosion permet de développer un nouvel aspect : les fameux Névronomes. La guerre civile de la confédération laisse place à un conflit d’envergure autrement plus cataclysmique, mais les deux héros n’ont pas de suite un rôle central. Il faudra pour cela attendre le prochain tome, non sans impatience.

© Dupuis

Le dessin est toujours reconnaissable, identifiable au premier coup d’œil. Si je dis qu’il est triste dans ses choix de couleurs (toujours ternes, dégradés de blancs et de gris, impression de poussière, de neige permanente), ce n’est pas un reproche, bien au contraire. Il participe au plus haut point à la mise en scène, à la création d’une atmosphère de saga tragique, où les moments de joie sont rares. On est loin des couleurs flashy de l’Incal ou plus récemment de Sillage, les personnages sont emmitouflés, recouverts de vêtements pour passer inaperçus, sans luxe ostentatoire ni détails affriolants. Les explosions ont également ce caractère froid, inerte, d’autant plus effrayantes qu’elles paraissent inéluctables. Ainsi, une course poursuite avec des trafiquants d’armes peut presque paraître incongrue dans un tel tableau. Il faut donc rendre hommage au talent au coup de crayon de Pellé, qui a su créer un monde bien à lui, à l’image du personnage de Mézoké : froid, mystérieux et pourtant très attachant.

© Dupuis

Implosion a un titre évocateur  : le mal est à l’intérieur. Pour ce qui est de la beauté, elle est également au rendez-vous, à l’intérieur des pages, à la fois dans la construction des planches et du scénario d’Orbital. Une série que tous les amateurs de SF se doivent de découvrir ou de continuer.

Découvrez la librairie de BD numérique aVoir-aLire avec Sequencity

"